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dimanche 31 juillet 2011

Une nouvelle approche des systèmes d’information


La notion de système d’information résiste à l’analyse. Tout le monde croit savoir ce que c’est mais quand il faut le définir la définition est nettement plus difficile. C’est comme l’escalier en colimaçon. Tout le monde sait ce que c’est mais quand on doit le définir de manière précise on éprouve une certaine difficulté et on finit par faire un geste de la main pour montrer que c’est un escalier en spirale qui s’enroule sur lui-même. A partir des nombreuses définitions existantes Yves Caseau a dégagé trois définitions différentes. Elles sont toutes les trois intéressantes mais ne couvrent pas totalement le sujet. Ces trois définitions sont : 
  • le système d’information est une fonction de l'entreprise qui lui permet de traiter l’ensemble des informations qu’elle reçoit, qu'elle stocke ou qu’elle émet. C’est la définition la plus ancienne. 
  • le système d’information est constitué par l'ensemble des ressources matérielles, logicielles, organisationnelle, ainsi que les hommes (les rôles, les procédures, la culture) et les processus propres au système d’information [1]
  • le système d’information est un système complexe à part entière, c'est-à-dire qu’il est définit par une finalité et des relations avec son environnement. C’est une usine à produire des services constitué par un ensemble de processus.
 Ces trois définitions s’appliquent bien aux systèmes de gestion comme la comptabilité, le contrôle de gestion, la gestion commerciale, … Mais elles ne couvrent pas toutes les situations rencontrées notamment celles où les systèmes d’information constituant le cœur de métier comme dans la banque, la gestion des réservations et la billetterie dans une compagnie aérienne ou ferroviaire, les nombreuses formes de commerce électronique,… Ces systèmes d’information ne sont pas seulement des distributeurs d’informations. Pour prendre en compte ces systèmes il est nécessaire d’avoir une définition plus proche du business que les définitions traditionnelles.

Mais le développement des applications fonctionnant sur le Web et notamment les systèmes interactifs il faut aller plus loin pour prendre en compte des fournisseurs de services comme Google, Wikipédia, Facebook, … Ce sont des distributeurs de services qui suivent une logique différente des entreprises de services traditionnels comme les éditeurs d’annuaire ou d’encyclopédie, les clubs et associations,… qu’ils sont en train de remplacer. Ces systèmes d'information sont d’une autre nature et les trois définitions ci-dessus ne permettent pas de les caractériser complètement. Ce sont des processus sophistiqués permettant de mieux maîtriser la complexité des organisations et offrant des opportunités d'activité nouvelles.

On retrouve bien les fonctions de base : la saisie des informations, leur stockage, leur structuration, leur recherche, les restitutions en réponse à des requêtes,… Mais la liste des fonctions mises en œuvre n’est pas suffisante pour décrire le système d’information. C’est comme si on définissait une automobile et décrivant les bielles, la direction, les amortisseurs,…qui la compose. En vérité, l’automobile est un moyen de transport individuel et autonome, permettant d’aller où le souhaite son conducteur et ayant de multiples usages : aller au travail, aller voir les clients, faire les courses, organiser ses loisirs, faire des voyages,…

C’est la même chose pour un système d’information. On ne peut pas le caractériser par les rouages et les mécanismes mis en œuvre mais par son rôle : un système d’information est un dispositif permettant d’accroître l’efficacité et la productivité des entreprises et des administrations en améliorant la gestion des informations qui est au cœur de son activité. Ce dispositif peut être un processus, une fonction ou le support d’une activité. Il peut être manuel ou automatisé. Il peut reposer sur le Web [2] mais aussi d’autres protocoles ou sur des systèmes plus fermés [3].

Cette complexité explique la difficulté de maîtriser la définition des systèmes d’information et au-delà la gouvernance des systèmes d’information.


[1] - C’est la définition du système d’information se trouvant dans Wikipédia.
[2] - Mais derrière la norme HTTP un certain nombre d’autres protocoles et d’autres produits qui sont des standards de facto sont à l’œuvre.
[3] - Il existe de très nombreux systèmes d’information fonctionnant sous Z/OS, CICS, DB2 et Cobol.

samedi 30 juillet 2011

Contribution de Bernard Quinio à la Gouvernance des Systèmes d'Information

Pour contribuer à la réflexion sur la gouvernance des systèmes d'information je vous propose de consulter le support du cours sur ce sujet que je fais en Miage à Nanterre. C'est la conclusion d'un cours de 18h Le cours

Le point de vue est simple, mais j'attire votre attention sur l'avant dernière page (check list) qui peut aider à savoir si une entreprise a ou non mis en place une gouvernance de son système d'information. Cette proposition est largement incomplète mais cela pourrait être un livrable du groupe de travail.

En conclusion, un peu de publicité pour mon association l'AIM : c'est un site plein de ressources sur les systèmes d'information : voir la partie Médiathèque : http://www.aim.asso.fr/

Bernard Quinio

mercredi 20 juillet 2011

La Gouvernance des SI est en marche

D'après une étude du Gartner et de la FERF, Financial Executives Resarch Fondation faisant partie de la FEI, qui est une association de directeurs financiers, 47 % d'entre eux considèrent que l'informatique est stratégique pour leur entreprise. Malheureusement seulement 8 % constatent qu'elle contribue effectivement à l'amélioration de la valeur créée par l'entreprise. Comme on le voit il existe encore une nette marge de progrès.

Autre fait significatif : seulement 5 % des DSI sont autorisés à effectuer des dépenses informatiques de leur seul initiative. Par contre 26 % des DAF sont décideurs en matière de dépenses informatique. Cela laisse rêveur. Manifestement on peut reprendre la phrase de Georges Clemenceau : "La guerre est une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls militaires". Dans notre domaine ce serait : "l'informatique est une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls informaticiens".

Ceci est probablement dû au simple fait que la valeur ajoutée générée par l'informatique n'est pas due à la seule informatique mais à la contribution des systèmes d'informations mis en oeuvre. Bien sûr ceux-ci ont besoin d'un support informatique pour fonctionner mais la marge crée n'est pas due à l'informatique mais à l'action des métiers. Or, si ceux-ci ne sont pas conscients des enjeux liés au développement des seuls systèmes d'information il ne faut pas s'attendre à des résultats extraordinaires.

Trop souvent les systèmes d'information sont très souvent liés à la mise en oeuvre des fonctions de support comme la comptabilité, la gestion RH, la facturation,... Or ceux-ci peuvent être très utiles mais ils n'ont qu'un faible impact sur l'amélioration de l'efficacité des systèmes d'information. Même s'ils permettent de réduire les coûts de ces opérations de support, ce qui reste encore à démontrer, ils n'ont pas d'effet direct sur la création de valeur ajoutée crée par l'entreprise.

Pour améliorer la situation il faut agir sur les systèmes d'information orientés vers les métiers, en anglais on dirait business oriented,  afin qu'ils permettent de créer un surcroît de valeur. Ceci concerne les systèmes de marketing, le commerce électronique, les outils de conception et de réalisation dans le domaine de la  R&D, la création de nouveaux services,...

Il est certain que les DSI sont un peut loin de ces préoccupations, mais elles concernent plus directement les DAF qui ont la responsabilité de maîtriser la rentabilité de l'entreprise. Ceci explique que l'enquête montre que 42 % des directions informatiques dépendent des directeurs financiers. Dans le cas des moyennes entreprises réalisant entre 50 et 200 millions de dollars de chiffre d'affaires ce pourcentage monte à 58 %. Manifestement la phrase de Georges Clemenceau décrit bien la situation actuelle de la Gouvernance des Systèmes d'Information.