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lundi 3 décembre 2018

Assistez à la Conférence du 23 Octobre 2018 comme si vous y étiez

Le Club européen pour la Gouvernance des Systèmes d'information a été crée le 23 Octobre 2008. Pour fêter l'anniversaire de ses 10 ans le Club Français avec le sponsoring d'Acadys a organisé le 23 Octobre 2018 une conférence sur l'actualité de la Gouvernance des SI :

2008-2018 Une décennie de bouleversements numérique a rendu la gouvernance des système d'information est indispensable à la création de valeur.

Cette manifestation a été un vrai succès. Plus de 120 DSI, DI, DG, Responsable de la gouvernance, Consultants, ... se pressaient dans une petite salle en sous-sol juste à côté de l'Opéra. Les intervenants sont des experts de haut niveau, à la croisée de la recherche et la pratique. Ils se sont efforcés de décrypter les raisons des difficultés rencontrées par les entreprises et les administrations dans leur processus de transformation numérique. Elle est inévitable mais elles est aussi profondément déstabilisante. Pour la maîtriser il est nécessaire de mettre en oeuvre une démarche de gouvernance des systèmes d'information.

Il n'y aura pas de transformation numérique, sans changement de business model, sans élimination des silos au profit des organisations plus plates et plus fluides, sans implication de la direction générale et du  conseil d'administration, sans mettre en avant les choix stratégique et non les gadgets technologique,... Il n'aura pas de transformation numérique sans qu'il y ait une compréhension du nouveau monde économique qui est en train d'émerger, des entreprises plate-formes, des marchés bi-face et évidemment des nouvelles méthodes de marketing et d'organisation.

En 5 minutes

Une vidéo de synthèse résume en 5 minutes ce qui a été dit au cours des 3 h 30 d'exposés et vous montrera l'importance de la gouvernance systèmes d'information pour maîtriser le processus complexe de la transformation numérique. Pour accéder à la vidéo  : https://www.youtube.com/watch?v=vlBOGnyuN_w

mercredi 21 novembre 2018

Les difficultés rencontrées par les entreprises dans la mise en œuvre de la transformation numérique


par Christophe Legrenzi

Les grandes entreprises annoncent des projets ambitieux en ce domaine. Mais en vérité elles ont du mal avec leur transformation numérique. Le nombre des entreprises du CAC40 qui ont réussis à lancer des produits ou des services innovants avec succès est limité. Encore moins d’entreprises ont réussi à mettre en place une nouvelle organisation. Pourquoi et que peut-on faire pour leur permettre de réussir leur transformation numérique ?
  1. Le Paradoxe de Solow : plus que jamais d’actualité - le véritable et principal défi de la transformation numérique des organisations
Rappel et mise en perspective du Paradoxe de Solow
Robert Merton Solow, Prix Nobel d’Economie 1987, publia le 12 juillet dans le New York Times une critique d’un ouvrage intitulé ‘Manufacturing Matters: The Myth of the Post-Industrial Economy’ de Stephen Cohen et John Zysman paru le 3 juin 1987. Nous verrons que trente ans plus tard cette analyse est d’une actualité incroyable.
Solow reproche essentiellement aux deux spécialistes d’économie internationale à Berkeley de ‘se défiler’ lorsqu’ils constatent que l’industrie américaine n’a pas été en mesure de capitaliser sur la révolution technologique, en particulier l’automatisme. D’autant plus qu’ils affirment dans leur livre : ‘Nous n’avons pas à montrer que les nouvelles technologies constituent une rupture avec les modèles passés de la croissance de la productivité’ …/… Celle-ci est due non seulement sur le potentiel que représentent les technologies, mais plutôt sur comment elles sont réellement utilisées’.
Le commentaire de Solow est cinglant : ‘Ils sont comme tout le monde, quelque peu gênés par le fait que ce que l’on pense comme étant une révolution technologique, engendrant un changement drastique de la productivité, a été observé partout, incluant le Japon, soit une baisse de croissance de la productivité, et non une augmentation. Vous pouvez voir l’ère de l’informatique partout, sauf dans les statistiques de la productivité’.
C’est cette dernière phrase, véritable ‘pavé dans la marre’, que reprendront de nombreux analystes et autres commentateurs.

Validité du Paradoxe de Solow

Evidemment, ce qui était vrai il y a 30 ans, ne l’est plus forcément aujourd’hui. De nombreux détracteurs de Solow expliquent que les études macro-économiques ne considèrent pas toujours le délai de latence entre l’investissement et le moment où la valeur se crée réellement. Ceci est un argument pertinent, mais pas le fond du problème.
Plus récemment des économistes brillants et nobélisables comme Robert J. Gordon (‘The Rise and Fall of American Growth, 2016)’ ou encore Larry Summers (‘La stagnation séculaire’, 2016) et Paul Krugman ont démontré sur la base de chiffres très récents que le Paradoxe de Solow était toujours d’actualité.
Même Klaus Schwab, fondateur et patron du World Economic Forum affirme dans son ouvrage de 2017 ‘The Fourth Industrial Revolution’ : « Lors des dernières décennies, la productivité mondiale est restée atone, malgré la croissance exponentielle des progrès technologiques et des investissements dans l’innovation » (‘The Conference Board, Product Brief 2015)  
Klaus Schwab précise : « Cette très récente incarnation du paradoxe de la productivité – la perception de l’échec de l’innovation technologique de créer des niveaux de productivité supérieur est l’une des plus grandes énigmes économique qui précède la grande dépression, et pour laquelle il n’y a pas d’explication satisfaisante »
A l’évidence, et comme nous l’avons souvent écrit : « la technologie seule n’a aucune chance de créer une quelconque valeur ». Il s’agit, ni plus, ni moins, d’un fantasme ou encore d’une utopie technologique issue de la paresse humaine à sur-simplifier des problématiques complexes !

Confirmation récente en France du Paradoxe de Solow


Un rapport très récent, puisqu’il date d’octobre 2018, de la Fabrique de l’Industrie et de France Stratégies (‘L’investissement des entreprises françaises est-il efficace ?’) indique que l’investissement immatériel en France (logiciels, BDD, etc.) est bien plus important que dans les autres pays européens, sachant que depuis dix ans les entreprises françaises ont un niveau d’investissement globalement plus élevé. Depuis 1995, la France investit dans l’immatériel en moyenne 3 fois plus que ses principaux rivaux. Pourtant, elle n’est pas plus productive, ni compétitive que ces collègues, bien au contraire.
En parallèle, comme le mentionne Philippe Rosé dans l’éditorial de son dernier numéro de Best Practices (N°222) : « La huitième édition du Top 250 des éditeurs de logiciels français, réalisée par Syntec numérique et EY, révèle que le secteur se porte très bien. La croissance du chiffre d’affaires a atteint 12 % en 2017. Avec 15 milliards d’euros, c’est un doublement par rapport à 2010…/… ‘Les éditeurs ont su développer des modèles économiques pérennes, qui mènent à la rentabilité, 81 % d’entre eux ont été profitables en 2017’, souligne Jean-Christophe Pernet, associé EY en charge de l’étude. »
D’un côté, l’on constate une décroissance forte de la productivité, de l’autre côté, une croissance forte de l’activité. Il y a forcément une explication voire une corrélation.
Aussi, nous ne pouvons apporter qu’une modeste précision au Paradoxe de Solow : « A l’instar des éditeurs, le ‘Producteur des technologies et services informatiques’, crée de la valeur, alors que le ‘Consommateur’, n’en crée pas, bien au contraire. »
Voilà le principal et véritable défi de la transformation numérique à relever : faire mentir le Paradoxe de Solow !


  1. Le point de vue de McKinsey (cf. papier ‘Why digital strategies fail’ de janvier 2018)
Seulement 8% des entreprises interrogées par McKinsey reconnaissent leur business model économiquement viable si leur industrie continue à se numériser à cette vitesse.
L’article mentionne 5 problématiques qui d’après l’expérience de McKinsey seraient clés :
  1. Définitions floues
Peu de responsables avec lesquels discute McKinsey auraient une idée claire du digital.
Pour McKinsey le digital est la capacité de relier en temps réel, de manière gratuite et sans encombre les personnes, les objets et les produits physiques où qu’ils soient.
Ces équipements auraient déjà créé ces 2 dernières années 90% des données jamais produites. Ces données permettraient d’arriver à des niveaux d’automatisation bien supérieurs, des processus et des décisions, donnant lieu à de tout nouveaux business models.
Manquant clairement de définition du digital les entreprises auraient les plus grandes difficultés à relier la stratégie numérique à leur business.
  1. Incompréhension de l’économie du numérique
    Le digital détruit les rentes établis
    et les dirigeants se doivent d’apprendre rapidement comment se battre, créer de la valeur pour leurs clients, en en gardant pour eux-mêmes dans un monde où les profits se réduisent
    Le digital favorise le syndrome du ‘winner takes it all’ comme l’auraient montré certaines études de McKinsey où il apparait que le premier quart des entreprises d’un secteur progresserait alors que les trois autres quarts verraient leur croissance diminuer.
Le digital favorise les premiers et les suiveurs ultra rapides, la croissance sur 3 ans pour les premiers serait double des entreprises plus conservatrices. Cela serait dû à l’apprentissage et aux méthodes employées de type agile ou prototypage bien plus rapides.
  1. L’oubli de l’eco-système
    Les plateformes rendront les models traditionnels obsolètes. Or, ils ne viennent pas des compétiteurs traditionnels… Il n’y aurait que 3% des acteurs actuels qui adopteraient une stratégie offensive de plateforme.
  1. Sur focalisation sur le suspect habituel
    La plupart des entreprises se focalisent sur la menace des start-ups, alors que la véritable menace émane des grandes entreprises qui ont une part importante du marché, des clients, une marque, etc. et sont bien plus redoutables une fois leur stratégie d’innovation affirmée. Ils impactent alors 20% de la chaîne de valeur alors que les start-ups nouvellement arrivée ne pèseraient que 5%. 
  1. L’oubli de la dualité digitale
    Une fois la menace de la disruption bien réelle, les entreprises ont tendance à devoir créer quelque chose de totalement nouveau… Or d’après McKinsey il s’agit d’évaluer en priorité le rythme et le degré de changement afin de ne pas perdre de vue son marché actuel. En fonction de ces 2 facteurs, il s’agit de suivre une stratégie adaptée :
    1. Initier des mouvements sans risques
    2. Vivre dans les 2 mondes : anciens et modernes à la fois (si degré de chgt fort)
    3. Devenir agile (si rythme rapide)
    4. Prendre des positions audacieuses 
  1. Notre point de vue : constats et recommandations
Dans un article de recherche publié en 2015, édité à l’occasion du numéro 200 de VSE (Revue de l’Association des Docteurs en Economie et en Sciences de Gestion) et intitulé « Informatique, numérique et système d’information : définitions, périmètres, enjeux économiques », qui, étrangement, caracole en tête des articles les plus lus (cf. Cairns), nous avons résumé les 3 causes majeures empêchant aujourd’hui les entreprises de profiter pleinement des opportunités offertes par la ‘fausse’ « Révolution numérique », que nous préférons appeler plus justement : « Révolution informationnelle et des services ».
Ces 3 causes sont :
  1. La méconnaissance des enjeux financiers liés au numérique et aux systèmes d’information (versus informatique) due à l’absence de définition clairement acceptée et aux limites des systèmes de gestion actuels
  2. L’utopie (voire le fantasme) technologique couplée à l’homéostasie organisationnelle souvent véhiculée par l’industrie informatique laissant croire qu’il suffit d’adopter une nouvelle technologie pour en obtenir les bénéfices
  3. Une gouvernance SI déficiente se traduisant par une absence d’implication de la direction générale ou un manque de courage managérial pour initier les changements qui s’imposent pour créer de la valeur.






Pour s’assurer que les facteurs clés de succès soient bel et bien présents nous avons, basé sur de nombreuses recherches, développé un modèle adressant les différentes thématiques à aborder :










mercredi 10 octobre 2018

Gouvernance des systemes d'information et utopie numérique

Par Christophe Legrenzi


Cet article a été écrit à l’occasion de la 10ème conférence internationale de la Gouvernance des Système d'Information qui a eu lieu à Lisbonne le 9 Octobre sur le thème : « Gouvernance des SI et stratégie des organisations », ainsi qu’au dixième anniversaire du Club Européen de la Gouvernance des SI qui a eu lieu le 23 octobre 2018 à Paris (http://www.acadys.com/wp-content/uploads/2018/10/Programme-d%C3%A9taill%C3%A9-10-ans-ceGSI.pdf) en la présence de Gilles Babinet, digital champion de la France auprès de la Commission Européenne, et de certains des meilleurs experts européens du sujet.




Les avancées technologiques n’ont en général pas ou peu apporté en pratique de bénéfices mesurables aux entreprises utilisatrices. Ce phénomène est appelé le « Paradoxe de Solow » du Prix Nobel d’économie 1987. D’un côté, le « producteur » : l’industrie informatique s’enrichit année après année, alors que le « consommateur » et/ou « l’utilisateur » de ces nouvelles technologies, nos organisations publiques et privées, ont le plus grand mal à créer de la valeur. Voilà le véritable défi de notre société !
Dans un article de recherche publié en 2015, édité à l’occasion du numéro 200 de VSE (Revue de l’Association des Docteurs en Economie et en Sciences de Gestion) et intitulé « Informatique, numérique et système d’information : définitions, périmètres, enjeux économiques », qui, étrangement, caracole en tête des articles les plus lus (cf. Cairns), nous avons résumé les 3 causes majeures empêchant aujourd’hui les entreprises de profiter pleinement des opportunités offertes par la ‘fausse’ « Révolution numérique », que nous préférons appeler plus justement : « Révolution informationnelle et des services ».
Ces 3 causes sont :
1. La méconnaissance des enjeux financiers liés au numérique et aux systèmes d’information (versus informatique) due à l’absence de définition clairement acceptée et aux limites des systèmes de gestion actuels
2. L’utopie (voire le fantasme) technologique couplée à l’homéostasie organisationnelle souvent véhiculée par l’industrie informatique laissant croire qu’il suffit d’adopter une nouvelle technologie pour en obtenir les bénéfices
3. Une gouvernance SI déficiente se traduisant par une absence d’implication de la direction générale ou un manque de courage managérial pour initier les changements qui s’imposent pour créer de la valeur.

1. La méconnaissance des enjeux financiers liés au numérique et aux SI et les limites des systèmes de gestion actuels
Les entreprises utilisent couramment le vocable ‘numérique’ en remplacement voire au détriment des termes ‘informatique’ et ‘système d’information’. Pourtant, nos décideurs préparent et valident encore et toujours des budgets informatiques…
Pour donner une perspective concrète, l’activité numérique pèse en moyenne 10 fois plus que l’informatique et deux fois moins que celle liée au système d’information. Les managers qui ont compris toute l’importance de ces nouveaux terrains de jeu, identifient des gains de productivité d’au minimum 10 à 30%. Etrangement, quasiment personne ne définit ce qu’est le numérique ou le système d’information, et encore moins le mesure, alors qu’il semble être l’enjeu principal de la transformation de nos organisations.
Déjà à l’époque, Philippe Lorino resituait parfaitement l’inadaptation des pratiques comptables : « Les outils aujourd’hui utilisés par le contrôle de gestion portent la marque de ces origines historiques. Ils reflètent le type d’environnement pour lequel ils ont été forgés, la grande industrie naissante de 1880-1910. Il n’est donc pas évident qu’ils soient adaptés aux besoins des entreprises de 1980-2010, à moins de soutenir l’hypothèse hardie selon laquelle l’industrie n’aurait guère changé depuis un siècle… Dans quel domaine de l’activité humaine peut-on prétendre travailler aujourd’hui, à l’aube du XXIème siècle, avec des outils et des méthodes développés à la fin du siècle dernier ? » (Lorino, 1991)
Ils sont d’autant plus inadaptés quand il s’agit d‘activités nouvelles comme l’informatique, le numérique ou les systèmes d’information.

2. Utopie technologique et homéostasie organisationnelle
Jean-Louis Peaucelle, mandaté par le Ministère de l’Education, a démontré dès le début des années 80 dans le cas de l’informatisation des fonctions comptables et financières des Universités françaises que les gains de productivité induits par l’introduction de l’outil informatique sont conditionnés par des changements organisationnels (Peaucelle, 1981). Pire, ne pas les engager entraîne inéluctablement une détérioration de la performance. Simon Caulkin le confirme : « … trop d’entreprises ont surimposé de nouvelles technologies sur des organisations anciennes en automatisant les problèmes et non les solutions » (Caulkin, 1989). Tout comme Lorino : « Le gain virtuel apporté par le progrès technique a été souvent neutralisé par la transformation trop lente des mentalités et des organisations » (Lorino, 1989).
Il y a déjà un quart de siècle, le rapport Fontaine cité notamment dans le rapport de Jean Le Garrec explique parfaitement le phénomène d’homéostasie organisationnelle couplé à l’utopie technologique : « L’informatique vient en quelque sorte se plaquer sur l’organisation existante, bien souvent déficiente. Elle ne fait alors que la rigidifier, devenant par là-même un obstacle à l’efficacité des services…/… l’informatisation s’est développée sans lien suffisant avec les réflexions sur l’évolution des structures administratives et de l’organisation du travail. L’informatique est restée ‘plaquée’ sur les schémas et les procédures existants » (Le Garrec, 1992).
David Norton identifie trois raisons qui empêchent les entreprises de retirer tous les bénéfices de leurs investissements dans les technologies de l’information (Norton, 1987) :
Nous avons été dirigés par une vision technologique
Nous n’avons pas su identifier les changements organisationnels
Nous ne possédons pas les outils nécessaires pour appréhender les bénéfices
En synthèse, cela fait maintenant plus de 30 ans que les meilleurs experts ont dénoncé le mythe de l’utopie technologique, sans pour autant qu’il soit systématiquement remis en question dans nos organisations.
3. Une gouvernance SI déficiente
De nombreuses études, déjà anciennes, ont montré que l’implication de la direction générale dans le processus d’informatisation était clé (Delone, 1988) tout comme leur niveau de compréhension des enjeux (FITI, 1986) et la qualité de leur relation avec le responsable informatique (Austin, 1988).
En 2004, les Professeurs Weill et Ross avaient démontré sur la base d’une étude mondiale menée sur 250 entreprises que la valeur générée par des projets à composante informatique était directement dépendante du niveau de maturité en gouvernance informatique (Weill & Ross, 2004). Ils soulignaient d’ailleurs que près de 62% des décideurs étaient incapables de définir précisément ce qu’était la gouvernance informatique. En dehors de l’ouvrage de 2006 de Gérard Balantzian « Le Plan de Gouvernance du SI » (Balantzian, 2006), on observe dans le microcosme franco-français une définition très endémique associant les référentiels internationaux de type : ITIL, ISO 27002 ou CMMI à la gouvernance informatique, en parfaite contradiction avec les définitions pourtant officielles que sont celles de l’ISACA/ITGI reprise dans COBIT et de l’ISO 38500. L’erreur est de confondre les « bonnes pratiques de gestion interne » qui représentent avant tout une vision « endogène » et celles de « gouvernance » dont l’orientation est principalement « exogène », tournée vers l’entreprise, ses métiers voire ses actionnaires et autres parties prenantes (Legrenzi, 2009).
En 2010, reprenant d’autres études publiées, nous avons pu confirmer que lors du processus d’informatisation ce n’est pas tant la qualité des solutions envisagées, mais bien le niveau de maturité en Gouvernance Informatique qui conditionne la performance d’entreprise (Legrenzi & Salzman, 2010).
Le professeur Almiro de Oliveira et Claude Salzman, fondateurs du Club européen de la gouvernance des systèmes d’information, affirment dans leur Manifeste : « Dans une économie quaternaire dominée par le secteur de l'information et de la connaissance, le management de l'information émerge comme un nouveau facteur de distinction et de différentiation, source d'avantages compétitifs tant pour les entreprises que les organisations publiques, dans un contexte de globalisation accélérée.../… Ainsi, la connaissance des coûts et de la valeur de l'information permet de prendre en compte la variété des problématiques de management de l'information et concourt aux Bonnes Pratiques de la Gouvernance des Systèmes d'Information » (De Oliveira & Salzman, 2009).
C’est bien la Direction Générale qui est responsable de la Gouvernance des Systèmes d’Information comme le confirment clairement les référentiels COBIT et de l’ISO 38500. Or, si elle ne s’implique pas dans le processus de transformation, il y a effectivement peu de chance que les décisions synonymes de création de valeur, soient prises.
Recommandation : la gouvernance des SI pour lutter contre l’anarchie et l’utopie technologique
Même s’il semble indispensable de gérer la fonction informatique, ce serait une erreur de s’arrêter là. La distinction entre pilotage informatique, numérique et du système d’information réconciliant les visions technicistes avec les enjeux métier est incontournable.
Une fois les enjeux clarifiés, il s’agit ensuite de replacer le pilotage et la gouvernance des systèmes d’information au cœur des débats. La gouvernance des SI est d’autant plus importante que le monde connaît la 2ème plus grande révolution économique de son histoire : la Révolution Informationnelle et des Services. Or, sans véritable gouvernance des SI, utopie technologique et anarchie conduiront inéluctablement nos belles entreprises à leur perte.
C’est à ce prix que les entreprises et les managers du futur réussiront leur projet de transformation, pérenniseront leur activité et gagneront en compétitivité.

mardi 18 septembre 2018

La Gouvernance des Systèmes d’Information et la création de valeur



Le 23 octobre 2018 le Club de la Gouvernance des Systèmes d'information organise pour son 10ème anniversaire une manifestation exceptionnelle pour faire le point les évolutions sur la gouvernance des systèmes d’information au cours de la décennie passée et d’esquisser les évolutions à venir.

Durant ces dix dernières années les Systèmes d’Information ont jouée un rôle croissant dans la création de valeur. Le succès des GAFA et les nombreuses autres « plateformes » en sont de parfaits exemple. Dans les années à venir il est probable que toutes les entreprises vont voir leur « business model » impacté par la transformation numérique.

En 4 heures faite le point avec les meilleurs experts du sujet. La participation à la conférence est gratuite.


Pour lire le programme de cette conférence cliquez ici
Pour en savoir plus notamment le contenu de chaque intervention lisez le programme détaillé. Pour cela cliquez ici


Pour s'inscrire à la Conférence du 23 Octobre 2018 cliquez sur : https://www.acadys.com/2018/09/21/10-ans-du-cegsi/

Pour tout renseignement complémentaire envoyez un mail à  ceGSI_10ans@acadys.com



mardi 27 mars 2018

Blockchain et levées de fonds en cryptomonnaies


L’émergence de monnaies virtuelles va-t-elle transformer l’environnement économique et financier mondial ?

Daniel Bretonès – Président de l’ANDESE


La cryptomonnaie bitcoin a été créée en 2008 et s’appuie sur la chaîne de blocs (la blockchain). Depuis cette date les achats de cryptomonnaies, à partir de devises fiat (le dollar et l’euros), principalement le bitcoin suivi par l’ethereum, se sont développées pour atteindre 7 milliards de dollars en janvier 2016, 130 milliards de dollars en septembre 2017 et près de 300 milliards en décembre 2017 (Source : Fortune).
Il faut distinguer le protocole bitcoin et le jeton numérique bitcoin ou BTC qui est soumis à de fortes tensions spéculatives. Le protocole bitcoin est une innovation de rupture basée sur l’assemblage d’éléments faisant appel à de la cryptographie, à la mise en réseau entre pairs et au minage par la preuve de travail. Il permet de réaliser des transactions dans un environnement sécurisé et fonctionnant de manière décentralisée.

Du caractère hybride des cryptomonnaies et du bitcoin plus spécifiquement 

Le bitcoin (le jeton bitcoin) serait plutôt une monnaie : il permet d’effectuer des transactions entre un nombre encore restreint de particuliers quelle que soit leur localisation, à l’exception de certains pays ou régions.
Le bitcoin constitue une réserve de valeur dans la mesure où il est rapidement convertible en une autre monnaie sur certaines plateformes spécialisées dans la convertibilité entre cryptomonnaies et monnaies Fiat
Les fluctuations du bitcoin sont énormes et sont le résultat d’anticipations spéculatives extrêmement fortes. (Voir tableau ci-dessous)

Source : Cryptocoin


Le Bitcoin ne répond pas aux définitions conventionnelles d’une monnaie

Une monnaie nationale se développe en contrepartie de toutes les transactions effectuées au quotidien. Le bitcoin ne peut pas actuellement être associé à la quasi-totalité des transactions sur le territoire national (PIB) et international. Aujourd’hui il ne représente qu’une infime partie de toutes les transactions mondiales.
Le bitcoin n’est pas sous le contrôle des autorités monétaires (les banques centrales) sauf si l’on considère la possibilité de changer la limite maximale du stock de bitcoin actuellement à 21 millions. Cependant ce type de décision est décentralisé au sein du réseau de mineurs (ce sont les informaticiens qui mettent en œuvre les transactions au sein de la chaîne de blocs), et les détenteurs des plus importants stocks de bitcoin au sein de ce réseau ont une voix prédominante. Le bitcoin n’est pas garanti ni géré comme la majorité des monnaies institutionnelles dans le cadre des actions des banques centrales. Le nombre de bitcoins en circulation (16 millions à ce jour) est trop faible pour agir les prix au sein de l’économie mondialisée.

La blockchain et les principales cryptomonnaies 

Le développement des cryptomonnaies est un phénomène sociétal lié au l’Internet et aux orientations libertariennes des fondateurs de la blockchain : des mathématiciens et des cryptographes en lien avec les universités américaines. Ces chercheurs se sont fait connaître sous le nom de Satoshi Nakamoto, fondateur du bitcoin, qui représente semblerait-il un groupe restreint de chercheurs dans les domaines évoqués. Le bitcoin a été créé par Satoshi Nakamoto en réaction à la crise financière de 2008 et au scandale international des prêts hypothécaires (les subprimes) qui a nécessité l’intervention des autorités monétaires lesquelles se sont substituées au marché interbancaire qui était bloqué. Le code source du protocole bitcoin a été mis en ligne en 2009. Les cryptomonnaies ne sont pas contrôlées par les autorités monétaires centrales qui observent le phénomène avec intérêt semble-t-il !
Près de 1.000 cryptomonnaies ont été créées depuis 2009 mais les plus connues sont le BTC, l’Ether et le Ripple. Le BTC est la référence centrale en termes de valorisation. Son cours soumis à des demandes excessives et spéculatives. En 2017 le BTC est monté jusqu’à 20.000 dollars à la fin 2017. Cet élan spéculatif est retombé et il s’échange au début février 2018 à moins de 8.000 dollars et à moins de 7.000 dollars le 6 février.
Le BTC a été limité par ses créateurs à 21 millions d’unités et l’offre actuelle est voisine de 16 millions de bitcoins. Le dernier BTC devrait être émis en 2140 si le réseau existe encore.
La force de la chaîne de blocs (la blockchain) tient à cinq attributs spécifiques et simultanés ;
-       Les transactions sont opérées par des mineurs (c’est-à-dire des informaticiens) qui s’appuient sur un logiciel afin de vérifier, de sécuriser et d’inscrire les transactions dans un registre qu’on appelle la « block chain ». L’entité de base du bitcoin s’appelle un bloc. Les blocs étant reliés en chaîne forment la blockchain. Le système constitue une base de données décentralisée sans autorité centrale.
-       La transmission se fait de pair à pair et non pas en passant par un nœud central. Chacun des nœuds stocke et transmet l’information à tous les autres nœuds.
-       Chaque nœud ou utilisateur de la chaîne est identifié par une chaîne alphanumérique de plus de 30 caractères. Chaque transaction est visible de tous. Les transactions s’effectuent entre les adresses de la blockchain.
-       Les enregistrements des transactions inscrites dans le registre ne sont pas modifiables car ils sont liés aux enregistrements précédents au sein de la chaîne.
-       Les transactions numériques au sein du registre sont informatisées.
Les acheteurs de BTC disposent d’un portefeuille électronique (le logiciel Wallet) comportant une adresse, une clé publique, et une clé privée. Le Wallet permet de créer des comptes, de construire et d’opérer des transactions. En cas de perte de la clé privée, l’accès au compte de l’utilisateur n’est plus possible sauf à disposer d’une copie de secours.

La gouvernance du système

La gouvernance du système s’effectue à deux niveaux
-       Le niveau 1 concerne les transactions opérées par les mineurs. Le BTC ne dépend d’aucune banque centrale et d’aucun état. Des protocoles cryptographiques de hachage de l’information et de preuve de travail sont intégrés à la Block Chain du bitcoin.
-       Le niveau 2 rend obligatoire les « contrats intelligents ». Ces derniers ont été lancés sur la plateforme Ethéreum qui propose une monnaie différente l’Ether. Ce deuxième niveau de gouvernance a été créé pour renforcer la sécurité des transactions. Les contrats intelligents permettent d’identifier précisément les intervenants en amont des transactions et de sécuriser ces dernières par l’élimination préalable des pirates (les hackers).
Les autorités bancaires et financières sont intervenues pour pousser à la mise en place des déclarations d’identité préalables à des transactions sur les plateformes de cryptomonnaies. Ceci afin d’éviter des détournements de fonds sur des plateformes nouvellement créées.

A la recherche de l’Eldorado

L’or et l’argent ont tenu un rôle moteur dans l’histoire du monde. Les mines d’argent de Potosi et de Zacatecas dans le Nouveau Monde ont largement participé au financement du « siglo de oro et des tercios des rois d’Espagne » du XVIème siècle. L’or brésilien a retardé la chute de l’empire portugais et le sterling d’or, produit avec le métal provenant surtout de la Guinée Equatoriale, a contribué à l’essor de la British Navy et de la puissance britannique qui a utilisé la Cavalerie de Saint Georges (l’or versé aux alliés) pour combattre Napoléon [1].
Aujourd’hui, si l’or continue de fasciner, c’est aussi dû à la politique d’assouplissement quantitatif du Federal Board Reserve qui est venu relayer ce mirage. Il a permis après la crise de 2008 d’éviter la déflation et à relancer l’économie américaine et puis l’économie européenne grâce aux interventions de la BCE.
Un écosystème est en train de se créer autour des principales cryptomonnaies avec le contrôle des transactions, la mise en place de contrats intelligents, et l’émergence de places de conversion de monnaies réalisées entre les principales cryptomonnaies (Ether et BTC) et les monnaies fiat (dollar et euro), et dans le sens inverse.
Le protocole Blockchain est étudié en détail par la Banque Centrale Européenne et, en France, par l’AMF. De grandes banques françaises et européennes testent des applications avec le protocole Block Chain pour sécuriser des transactions et pour, à terme, renforcer leurs positions concurrentielles.
Les applications de la blockchain et des bitcoins sont nombreuses dans l’industrie et la distribution ;
-       Kodak prévoit d’émettre des jetons (Kodak Coins) pour mieux gérer les droits des images,
-       KFC Canada prévoit l’utilisation des bitcoins pour payer de petits achats,
-       Le système électoral brésilien utilisera la blockchain Ethereum,
-       Samsung, qui est devenu le leader mondial des circuits intégrés devant Intel, développe des puces ASIC (Application Specific Integrated Circuit) pour le minage des transactions en cryptomonnaies. C’est un nouveau segment de marché qui s’ouvre alors que les ventes de téléphones mobiles et de tablettes sont stabilisées voire en baisse. Ces puces ASIC en développement devraient accélérer les transactions de minage et réduire la consommation énergétique de ces opérations,
-       Shell développe une blockchain pour optimiser ses opérations commerciales,
-       Le Chicago Board of Trade (CBOT) et le Groupe CME préparent le lancement de contrats à terme sur le bitcoin,
-       L’autorité des marchés de Singapour, qui est à la pointe sur les cryptomonnaies, reste ouverte à leur développement sous réserve de l’application de la loi anti-blanchiment pour les intermédiaires de ces transactions et prévient les investisseurs que les cryptomonnaies comportent des risques très élevés à intégrer dans leur stratégie d’investissement.

Les levées de fonds en cryptomonnaies (LFC) ou ICOs (Initial Coin Offerings)

L’écosystème des monnaies virtuelles est à l’initiative d’un nouveau type d’opérations, les levées de fonds en cryptomonnaies (LFC) ou Initial Coin Offerings (ICOs). Il repose sur l’émission des tokens ou jetons et la possibilité pour des particuliers d’investir en direct sur des projets à risque mais avec des niveaux de retour très élevés caractérisent les LFC. Plutôt que d’investir en capital dans une entreprise et de détenir des titres en contrepartie il s’agit d’investir dans des entreprises qui développent des services et / ou des produits via une chaîne de blocs. Dans le cadre d’une LFC on achète des jetons en BTC ou en éther à partir d’un compte tenu dans ces monnaies. Les jetons achetés permettent d’investir dans le cadre d’une ou de plusieurs levées de fonds spécifiques. La SEC américaine accepte les LFC sous réserve qu’elles soient conformes à ses règlements.
Ce mode de financement est également hybride entre le financement participatif et le capital-investissement dans son volet capital-risque. Il est le produit de la spécificité de l’actif numérique.
En juillet 2017 le montant mondial des LFC s’élevait à 2,3 milliards de dollars et il atteignait les 3 milliards de dollars en décembre 2017.

Face à un processus d’ubérisation du secteur du capital-risque 

Dans les années 1950, les approches de l’ARD (American Research & Development), à l’origine de la création du capital-risque sous l’impulsion de Georges Doriot, révolutionnent le monde de la finance. La mise en application du concept de capital-risque permet le développement de jeunes pousses sur la Côte Est puis sur la Côte Ouest des Etats-Unis et procure un avantage concurrentiel significatif à l’économie américaine dans les domaines de la haute technologie. De nos jours, des créateurs ingénieux qui ont du mal à trouver des fonds auprès de capital-investisseurs arrivent à lever des fonds dans le cadre d’opérations de LFC lancées au niveau mondial. Ils délivrent en contrepartie des jetons qui ne sont pas des titres mais des services au même titre que les miles aéronautiques obtenues par les voyageurs en achetant des billets qui permettent par accumulation d’obtenir des voyages ou services divers gratuitement.
Les LFC ne sont pas soumises aux audits approfondis pratiqués par les investisseurs en capital-risque et aux contrôles réglementaires mis en place par les autorités de tutelle. Le plus souvent l’intérêt du projet, ses fondamentaux et le profil de l’équipe qui lance la LFC sont consignés dans un livre blanc mis à disposition des investisseurs potentiels. Le niveau de risque est très élevé mais en cas de succès de l’opération basée sur le développement de l’entreprise les plus-values potentielles sont aussi très élevées. Le jeton détenu par l’investisseur est un service dont la valeur peut fluctuer fortement à la hausse ou à la baisse.
Selon le journal Wired certains capital-risqueurs américains auraient participé à des LFC. Il est clair que pour les projets de qualité bien calibrés le recours aux LFC est une voie parmi d’autres pour trouver des financements pour de jeunes pousses innovantes. Elles permettent à des intervenants privés d’investir en direct sur des projets à risque portés par des starts-up. Jusqu’à présent ce type d’opérations est réservée aux capital-risqueurs. On assiste bien à l’émergence d’une désintermédiation des capital-risqueurs.

Quelques prévisions à moyen terme

Ces outils constituent une évolution majeure dans l’histoire monétaire :
-       La blockchain un moyen puissant pour déployer des applications pour des entreprises financières et ou industrielles,
-       Il est à prévoir que les cryptomonnaies sous-tendues par des technologies décentralisées et fiabilisées se développeront et s’imposeront progressivement comme le réseau Internet basé sur le protocole HTTP ouvert, s’est substitué et a remplacé les réseaux privés qui s’appuyaient sur des protocoles fermés et non-ouverts,
-       Des levées de fonds par LFC pourraient être disruptives pour les capital-risqueurs (VC) et complémentaires des formes de financement pratiquées dans cette industrie.
Les gourous de la Silicon Valley ont annoncé depuis près de 20 ans l’arrivée du New Age porté entre autres par Internet. Depuis des secteurs entiers ont été remodelés et transformés dans les médias, dans l’hôtellerie, dans la réservation en ligne. Les monopoles acquis par les GAFA ont pris à découvert les décideurs français et européens qui n’avaient pas anticipé ce qui pouvait se produire. Des secteurs entiers de l’économie mondiale ont été redessinés et en général les entreprises françaises et européennes sont peu ou pas présentes dans ces nouvelles configurations.
Le protocole blockchain est une technologie jeune mais porteuse. Elle peut être améliorée en termes de vitesse de transaction et de sécurisation des opérations en amont de la chaîne de blocs proprement dite. Les LFC montrent le potentiel de ce qu’il est possible de réaliser en matière d’investissement direct à risque. Les LFC complètent les financements de type participatif et les financements d’amorçage proposés par les capital-risqueurs.
A ne voir que la face négative de la chaîne de blocs et des pratiques de type LFC, les entrepreneurs français pourraient être dissuadés de tester ces nouvelles approches. Il convient donc de communiquer de manière neutre voire positive sur le sujet tout en appréciant les limites du protocole Block Chain et ses applications dans la finance et l’industrie. Les cryptomonnaies constituent peut-être un moyen de rendre plus liquide l’économie et il serait dommageable de les condamner à priori alors qu’elles sont émergentes et en phase de consolidation.




[1] Or, Argent et Folies des Grandeurs, Giraudo A., Eds Economica, 158 p., 2017