Par Gilbert Réveillon
L'intervention de Gilbert Réveillon, Conseiller du Commerce Extérieur, lors de la conférence du Club du 10 Novembre 2020, fait suite à celle de Jean-Michel Mis. Elle permet de situer les enjeux stratégiques de la blockchain et notamment le rôle particulièrement actif de la Chine. Face aux hésitations de la France et de l'Europe en matière de blockchain il expose les faits et montre l'importance de l'engagement chinois en sa faveur.
On n’a pas encore vu la vague de la blockchain mais elle est là. En France, comme en Europe, on s’interroge encore sur l’intérêt de cette innovation mais pendant ce temps-là la Chine développe à vive allure les applications de la blockchain. Cinq exemples parmi des dizaines :
·
11 grandes villes chinoises ayant chacune quelques
25 millions d’habitants ont mis en œuvre la blockchain pour faire fonctionner
toutes les applications de services publiques, de paiement ainsi que différents
services quotidiens. Ceci concerne plus de 300 millions de personnes et quelques
millions d’entreprises, des très grandes mais aussi des myriades de PME (les SOE
« State Owned Enterprise »).
·
La banque centrale de Chine, la People’s Bank of China, est en train de
mettre en place une monnaie électronique reposant sur la blockchain et les cryptoactifs :
le Rimini Digital ou Yuan Digital. L’objectif est de concurrencer le dollar non
seulement en Chine mais surtout dans les 130 pays faisant partie de la Route de
la Soie (la BRI :Belt & Road Initiative ou OBOR).
·
Le dernier smartphone de Huawei : le P40
est vendu en Chine avec en standard un « wallet » gérant des Yuans Digital
reposant sur la blockchain. Cette application est opérationnelle après avoir
été testée dans plusieurs villes chinoises sous le contrôle de l’administration.
·
Alibaba a développé pour ses clients une galaxie
d’applications. Elle intègre depuis quelques années différentes interfaces avec
des blockchains notamment pour effectuer des micro-paiements et des micro-dons le
système AliPay après avoir concrétisés de nombreuses réalisations dans les
domaines de l’agro-alimentaire et le « remittance » ([1]).
·
A Shenzhen, capitale montante de la technologie
chinoise, Tencent, qui est un des plus grands sites chinois avec les
messageries QQ et WeChat et surtout les jeux électroniques on-line, a mis sur
la blockchain la gestion des titres de transports du métro de la ville ainsi
que la gestion de ses milliers fournisseurs avec des gains de productivité et
des possibilités de traçabilité impressionnants.
Manifestement les
chinois ne nous ont pas attendu. Mais ils ne sont pas les seuls.
La révolution de la blockchain est en marche
Aux Etats-Unis, le congrès américain reconnaissait en décembre 2018 dans son rapport annuel les vertus de la blockchain sur les enjeux de la cybersécurité. Dans un autre domaine Walmart, qui est le plus grand distributeur mondial, a profondément réduit les délais de ses processus de logistique et de paiement. Aux États-Unis l'entreprise gère plusieurs centaines de milliers de fournisseurs. Grâce à la blockchain les délais sont passés de 7 jours à 2 secondes. De son côté IBM, qui est un acteur majeur de la blockchain, l’utilise pour sécuriser les architectures informatiques contre les cyberattaques. Elle s’en sert aussi pour effectuer la gestion de ses fournisseurs. Fort de ces expériences ses équipes développent des applications destinées au secteur de la finance.
En Europe
un petit Etat, l’Estonie, est très en avance en matière de blockchain. Ils ont
mis une grande partie des applications publiques concernant toute la vie des
citoyens sur la blockchain allant de la tenue du registre des naissances, aux
mariages, à la mort ainsi que le cadastre. Cela marche si bien qu’ils vendent des
modules de leur système eGOV aux pays qui sont intéressés.
En France
Carrefour a développé une application pour tracer les produits alimentaires
grâce à la blockchain. C’est intéressant mais, comme on le voit, on ne joue pas
dans la cour des grands. On fait des PoC, Proof of Concept, mais on hésite à
aller plus loin en structurant la démarche et en mobilisant les ressources
financières nécessaires.
L’excellent
rapport du député Jean-Michel Mis sur la blockchain publié en 2018 ([2]) a été une étape essentielle
qui a permis de sensibiliser les décideurs publics de haut niveau aux bénéfices
attendus de la blockchain et des cryptoactifs. C’est bien, mais aujourd’hui les
enjeux sont devenus européens. Dans de nombreux pays on l’a bien compris et on
a observé de nombreuses initiatives mais on est un peu « fleur au fusil ».
Ceci est dû au fait que les décideurs ont actuellement tendance à sous-estimer l’ampleur
de la menace.
Cependant
il existe des entreprises qui réagissent. Ainsi une entreprise française de
logistique de produits agricoles, Foodgates, a décidé de d’adopter le standard
chinois de sécurisation BSN (Blockchain
Service Network) ([3]) en avance
sur tous ses concurrents européens (cf. Voir son communiqué de presse ([4])).
La cour des grands
AliPay, qui est la filiale financière d’Alibaba, compte un milliard de clients ([5]). Or à l’origine de ce mastodonte numérique il y a le fait que 60 % d’entre eux ne sont pas bancarisés et n’ont donc pas de carte de crédit et de compte bancaire traditionnel. Il n’était pas possible de leur faire des prêts car il n’était pas possible de leur appliquer les scores de risque traditionnels. Ils sont en effet totalement inappropriés à une masse aussi importante d’usagers AliPay a, dans un premier temps, développé pour ces clients une application de « wallet » fonctionnant sur tous les smartphones et reposant ainsi sur une blockchain native et « seamless », c’est-à-dire qu’il est possible d’y accéder sans interruption de charges ou de flux. Elle permet de faire toute sorte de paiements.
Ils ont ensuite développé
une application de micro-crédit avec son propre système de scoring. Il applique
strictement la réglementation chinoise de calcul du score de risques sociaux et
comportementaux. Cette application est aussi basée sur la blockchain en utilisant
ses possibilités d’interopérabilité ([6]).
Cette opération a tellement réussi qu’aujourd’hui AliPay est devenu le 1er
émetteur de crédit au monde. Cette activité est devenue tellement importante
que le gouvernement chinois a perçu qu’elle comportait des risques systémiques
et vient de mettre un sérieux coup de frein à cette expansion en imposant à AliPay
de respecter les règles prudentielles appliquées par les banques et d’avoir
suffisamment de fonds propres dédiés ([7]).
Mais Tencent
n’est pas en reste et agit sur les mêmes domaines qu’Alibaba mais avec en plus un
rôle important dans les logiciels de jeux on-line fonctionnant sur mobile qui représente
un chiffre d’affaires de 18 milliards de dollars devant Sony qui, avec ses
consoles de jeux, réalise 12 milliards de dollars et aussi tous les autres. Tencent
a aussi une politique d’acquisition internationale qui se fait à un rythme phénoménal.
Il a développé autour de Wechat un grand nombre de micro-services. Ils sont de
l’ordre d’un million. Cette application ressemble à Facebook qui est interdit
en Chine. Tencent a aussi développé ainsi un système de paiement mobile qui
s’appelle WechatPay. Il a 1,2 milliard d’utilisateurs quotidien de ce système. Plusieurs
de ses applications reposent aussi sur la blockchain. Ce système permet d’effectuer
des paiements d’entreprise à entreprise, de consommateur à entreprise et de
consommateur à consommateur. Dans certaines villes chinoises, les citoyens
peuvent utiliser WechatPay pour payer leurs factures de gaz et d’électricité ou
recharger leurs cartes de transport public.
Le gouvernement chinois
surveille attentivement ces développements et commence à imposer des règles
prudentielles à AliPay et à WeChatPay afin de mieux maîtriser ses champions.
Ils se sont d’abord développés sur le territoire de la Chine. Ils se sont
ensuite attaqués au marché de la région de la Great Bay Area (Hong Kong, Macao,
…) et maintenant ils s’intéressent à plus d’une centaine de pays.
De plus le
gouvernement central chinois est lui-même très actif en mettant en place 140 services
recourant à la blockchain. Tout récemment le gouvernement vient d’en ajouter 12
qui seront d’abord testés dans la ville de Shenzhen. La lecture du tableau
ci-dessous montre l’ampleur et les ambitions de cette démarche.
Voilà les 12 nouvelles applications de la blockchain chinoise annoncées en juillet 2020
La stratégie chinoise de mise en œuvre de la blockchain est clairement annoncée. La mise en place de ces applications se fait en deux temps. On commence par identifier les territoires qui serviront de test puis dans un deuxième temps, une fois qu’elles sont opérationnelles, on les généralise sur l’ensemble de la Chine, en y associant des avantages fiscaux et administratifs à l’instar des FTZ (Free Trade Zone dont la 1ère fut mise en œuvre à Shanghai). Enfin, point très important, les chinois n’ont pas attendus les réglementations européennes, américaines ou de l’ISO et ils ont défini leurs propres standards notamment en matière de sécurisation et d’interopérabilité entre applications reposant sur des blockchains. C’est le cas de l’entreprise française Certaines entreprises étrangères commencent à les adopter. C’est le cas de Foodgates avec le standard chinois BSN.
Ces déploiements
ne sont pas le fait du hasard. Elles font parties d’un plan d’ensemble. A
l’issu du 13e plan quinquennal qui vient de se terminer, le 14ème
Plan de l’Etat chinois planifie les développements jusqu’en 2035. Or, ce plan
accorde une place privilégiée à l’Intelligence Artificielle, au Quantum
Computing et la Blockchain. Un exemple parfait de cette démarche a été l’annonce
en 2018 par Huawei de faire de la blockchain en mode cloud intégrant du quantum
computing en mode Saas ([8]).
Cette annonce a constitué une onde de choc et a eu un grand impact international.
Pour réussir ce pari et affirmer la suprématie des technologies chinoises et
réaliser leurs ambitions internationales l’Etat mise sur « le couplage
civil et militaire ». Xi Jinping définie cette démarche comme une « fusion »
des démarches militaires et civils. Les dirigeants chinois en espèrent un
puissant effet de levier. L’objectif est la conquête de marchés mondiaux en
compétition ouverte avec les acteurs américains du numériques. Le découplage
entre la Chine et les USA voulu par les américains a intensifié ce processus et,
en même temps, a laissé libre cour aux fantasmes les plus surprenants.
Les avantages de la blockchain
La rapidité du déploiement de la blockchain est, en grande, due aux gains de productivité importants qu’elle permet de dégager. Ainsi dans une banque l’ouverture d’un compte est toujours une opération longue et délicate. Avec la blockchain il est possible de réduire ce délai à quelques minutes notamment grâce à l’interopérabilité des systèmes. Ceci se traduit par une réduction drastique des coûts des transactions. Ainsi une opération classique de change et de virement le coût est de 1 à 3 % du montant à traiter. C’est aussi le cas avec PayPal. La même opération faite avec la blockchain, quel que soit le montant, ne coûte que quelques centimes ([9]). Si on compare ces coûts avec ceux du système mondial de virement entre banques SWIFT qui gère sur des montants considérables la différence est importante. De manière plus générale la généralisation de la blockchain va permettre des économies massives et faire disparaître un grand nombre de rentes de situation. Face à cette menace qui met en jeux sa survie le réseau SWIFT a décidé de prendre en compte la blockchain. La création du réseau R3 illustre bien cette compréhension des enjeux. Récemment PayPal a annoncé l’intégration du bitcoin dans son offre.
L’arrivée de gros
opérateurs comme pourrait l’être Facebook avec sa future crypto-monnaie Libra
inquiète le monde bancaire et en particulier les banques centrales. En effet,
fort de ces 2 milliards d’utilisateurs la firme de Mark Zukerberg pourrait
considérablement bouleverser le monde de la finance et réduire considérablement
ses commissions et donc ses profits. Cependant il faut relativiser cette menace
car Facebook est interdit en Chine. Elle concerne surtout l’Europe et les
Etats-Unis. Les pays d’Afrique et d’Asie faisant partie de la Route de la Soie
sont protégés par le parapluie chinois. Ceci montre que les risques ne sont pas
les mêmes selon le territoire.
L’avenir commence demain
Pour que la blockchain s’impose il est nécessaire de développer des standards de sécurité. C’est actuellement un point faible. Cependant, croyant bien faire, on risque de fixer des règles trop rigoureuses. De toute façon les chinois ont déjà fixé des règles et il est fort probable qu’elles vont s’imposer dans le monde entier comme c’est déjà le cas de Foodgates qui a intelligemment intégré BSN.
On a beaucoup
agité le problème de la « scalabilité », c’est -à-dire une
dégradation des performances lorsque la taille des chaines s’accroit. En vérité
c’est un faux problème. Huawei, qui est un des leaders mondiaux de la blockchain,
a résolu le problème en réalisant des prouesses techniques remarquables. Curieusement
ce fait est ignoré en Europe et aux USA. Il est assez étonnant de considérer
que cette entreprise est considérée comme un prédateur alors qu’en fait c’est
un des leaders technologiques de classe mondiale ([10]).
On a actuellement
en France une approche de la blockchain reposant sur des acteurs atomisés butant
sur une série de faux problèmes mis en avant par de puissants lobbies politico-médiatiques
défendant leurs intérêts. La souveraineté numérique française est menacée par
cette vision trop étroite et souffre aussi des trop longs délais de réactions imposés
par l’UE.
En ce qui
concerne les crypto-monnaies on se plaint que le minage du bitcoin coûte de
plus en plus chère. Certains y voient une limite infranchissable au
développement de la blockchain. Mais, avec des ordinateurs quantiques, les
japonais sont arrivés à effectuer une transaction de minage en 14 millisecondes.
Ce n’est donc plus un problème, et le quantum computing s’invite dans la
blockchain avec des réalisations de plus en plus percutantes en Russie, en
Chine et aussi aux USA. Le cloud quantique de Huawei mais aussi la démarche d’Alibaba
en ce domaine montre bien l’importance du retard a été pris.
Le poids croissant de la Chine
En fait les deux problèmes les plus importants qui se posent et sont liés à la politique chinoise. C’est d’une part le quasi-monopole des chinois sur les terres rares. Or, elles sont indispensables pour la fabrication des composants électroniques. La position dominante des USA avec Intel, AMD, Nvidia, … est déjà menacée par les sud-coréens et les taiwanais. Mais l’interdiction d’exportation des composants américains ont poussé la Chine à produire en masse des processeurs et des mémoires. Or le développement de la blockchain demande un nombre croissant de serveurs et ceux-ci demandent de plus en plus de composants électroniques.
D’autre part le
découplage de la Chine et des USA voulue par la politique de rééquilibrage imposée
par Donald Trump ne simplifie pas les problèmes d’adoption de la blockchain
dans nos pays car la plupart de la technologie de la blockchain viennent de
Chine. Par contre, ces mesures ont constitué un phénoménal coup d’accélérateur pour
les entreprises chinoises. Le gouvernement, pour accélérer le mouvement, a
décidé de mettre en place des incitations fiscales et administratives dans le
cadre de solides programmes nationaux et locaux couvrant les 10 prochaines
années.
Manifestement la
Chine veut prendre le leadership face aux USA. Leur force tient au fait que ses
décideurs raisonnent à 30 ans alors que dans nos pays l’horizon est annuel, voir
trimestriel. Les chinois raisonnent en part de marché et non en termes de ROI (Retour
sur Investissement). De plus ils sont capables de mobiliser des capitaux
importants pour développer l’ensemble de la chaine de valeurs de la blockchain.
Ils agissent aussi sur l’Intelligence Artificielle, le Quantum Computing et l’Internet
des Objets. Il est vrai qu’ils raisonnent sur un marché à 1,3 milliard de
consommateurs ce qui permet de massifier et décupler les usages. On voit très
bien ce processus avec le développement de la 5G qui est déjà utilisée par 150
millions de personnes en Chine. Il faut aussi noter le rôle de certains acteurs
comme Alibaba qui est, on le sait, le leader mondial du e-commerce. A titre
d’exemple le 11 novembre, en un 24 heures au cours de la journée des
célibataires il a réalisé 75 milliards de dollars de chiffre d’affaires !
Mais il est aussi un acteur déterminant dans le domaine du Quantum Cloud. Comme
on le voit la blockchain est une pièce clé et pivot de la démarche
stratégique de l’ensemble de la chaine de valeur mise en œuvre par l’Empire du
Milieu.
[1]
- La remittance est l’envoi fait par un travailleur expatrié
d’une partie de son salaire à sa famille restée dans son pays d’origine. Plus généralement
c’est l’envoi de petites sommes d’argent d’un pays à un autre.
[2] -
Voir : http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/micblocs/l15b1501_rapport-information.pdf
[3]
- BSN : A été développé
par le Centre d’information de l’État chinois en
coopération avec China Mobile, China Unionpay et Red Date Technologies. Il a pour
objectif de construire une infrastructure qui abaissera progressivement les
barrières d’accès aux technologies de la blockchain.
[4] - Voir le
communiqué de presse de Foodgates : https://foodgates.com/fr
et https://www.crypto-news-flash.com/vechain-foodgates-connects-france-with-economic-giant-china/
[5] - AliPay compte 600 millions
d'utilisateurs actifs sur son marché domestique, et l'application de paiement
mobile est déployée dans 36 pays dans le monde, dont 10 pays en Europe et en particulier
en France (destiné aux touristes chinois).
[6] - Cette
application est déjà largement diffusée à l’international. Ceci permet de comprendre
le succès vertigineux du déploiement d’Alipay en Afrique et au Moyen Orient.
[7]
- Alibaba est étroitement surveillé par les autorités chinoises. Récemment ses
dirigeants envisageaient de mettre en Bourse sa filiale financière Ant
Financials. L’administration chinoise a brusquement annulé l’opération que la
société ne supportait pas les coûts financiers liés à l’application de la règlementation bancaire comme le font ses
concurrents et de respecter les standards financiers internationaux tel que les
IFRS ou encore de Bâle IV. C’est une inflexion importante de l’administration
centrale chinoise car jusqu’alors Alibaba bénéficiait largement des facilités qu’elle
lui accordait.
[9]
- Si vous avez 10.000 euros à transférer avec un change en dollars cela vous
coutera entre 100 et 300 euros avec une banque et à peu près le même montant avec
PayPal (Avec
PayPal les frais de transfert et de
change entre la France et les États-Unis s’élèvent à 3,5 %) mais
pour convertir cette somme en bitcoins cela ne coûte que 3 euros. C’est tout l’enjeu
de la blockchain.
[10]
- Il est assez étonnant que des faits fondamentaux sont ignorés en France et
plus généralement en Europe. Au lieu de cela on essaie souvent de créer un
champion national. On n’a pas tiré les leçons de l’échec du Cloud Souverain
qu’il soit à vocation purement française ou européenne. Malgré les injections
massives d’argent on n’y arrive pas !
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