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jeudi 17 novembre 2016

L’avenir des MOOC


Par Daniel Bretonnes

Les MOOC, Massive Open Online Course ([1]), sont apparus en 2011 aux USA et ont rapidement connu un succès important. L’idée de former à distance grâce à Internet des milliers, voire des dizaines de milliers d’étudiants, est séduisante et un g[2]rand nombre d’universités américaines se sont lancées dans cette aventure comme :  StanfordHarvardMIT, Berkeley, l’Université de Pennsylvanie, le Caltech, l’ Université du Texas d’Austin, la San Jose State University,... Pour fournir les ressources techniques et logiciels nécessaires de nombreuses plateformes ont été créées comme Coursera (), edX, Udacity,…
La vague est arrivée en France en 2013-2014. Dès 2013, on a suivi les américains. Les premiers à s’être lancé sont des écoles comme Télécom Bretagne, Centrale Nantes, Centrale Lille, … Très vite le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a mis en place une plateforme appelée FUN pour France Université Numérique mais il existe de nombreuses autres plateformes comme Open Classrooms ou Sillages.info. Cette dernière est une émanation la Conférence des Grandes Ecoles. Un certain nombre d’Ecoles ou d’Université ont développé des MOOC comme l’Ecole Polytechnique, HEC, le CNAM, l’ESSEC, CentralSupélec, les INSA dont celui de Toulouse, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’Université Lille 1, l’Ecole de Management de Lyon et celle de Grenoble, … 
Comme on le voit la première génération de MOOC est apparu dans un cadre universitaire. La réalisation de cours et leur diffusion sur Internet est une chose mais arriver à certifier un grand nombre d’étudiants est une opération plus délicate. Résultat : on constate des taux d’abandon très élevés compris entre 92 et 97 %. Ceci amène à s’interroger sur l’efficacité de ces nouveaux outils ? Est-ce que les usages actuels sont adaptés à la nature de l’outil ? Quel est leur impact pédagogique ? Et finalement quelle est leur rentabilité ?

L’enseignement à distance

Cela fait de nombreuses années qu’on utilise la vidéo pour diffuser des cours. Pendant longtemps cela s’est fait avec des cassettes VHS puis avec des CD. Dans les années 90 on a assisté au développement de l’EAO (Enseignement Assisté par Ordinateur) utilisant les possibilités offertes par les micro-ordinateurs pour développer des logiciels permettant d’effectuer des exercices pédagogiques proche de l’enseignement programmé.  Dans les années 2000 ce mouvement déboucha sur l’e-learning qui consiste à utiliser les possibilités du Web pour fournir de la formation à distance et à la demande.
Cette évolution s’est traduite par le développement des LMS, les Learning Management System. Ce sont des systèmes de gestion des contenus (CMS) orientés vers la pédagogie avec des fonctions comme la gestion de la formation, la gestion des résultats, la diffusion de contenus préétablis, l’ordonnancement de modules de formation, …. C’est le système de gestion qui est à la base de tous les MOOC.
J’ai participé il y a quelques années dans le cadre de l’ESCEM à un MBA international avec des étudiants se trouvant dans de nombreux pays situés sur les cinq continents. Les promotions étaient chaque année d’une quinzaine d’étudiants. Il y avait même quelques français. L’ensemble des cours étaient fait en anglais, ou plutôt en américain. Presque tout l’enseignement se faisait à distance. Ils disposaient de courtes vidéos, des diapositives commentées (slides), des textes, des exercices, …. Une fois au cours du cycle on les regroupait tous pendant un mois. Le face à face est indispensable pour faire en commun la synthèse des connaissances acquises. Les contrôles se faisaient à distance avec des QCM mais aussi avec la rédaction de cas extraits du manuel de référence. Le mélange de présentiel et de distanciel est la clé du succès. Ce MBA a bien fonctionné pendant des années et s’est arrêté pour des raisons interne à l’Ecole alors qu’il y avait une forte demande internationale.

Certifier des étudiants par les MOOC

Comme on le voit on a fait des MOOC avant que le terme existe. L’originalité de la démarche est de proposer des cours gratuits, ou quasi-gratuits, et de permettre une certification des étudiants pour un coût modeste compris entre 40 et 90 dollars. Le contenu pédagogique est simplement un professeur qui fait son cours à sa manière comme il le fait en amphi. Parfois il est directement enregistré en amphi. En fin de chaque cours il propose quelques questions pour que l’étudiant s’assure qu’il a bien compris. En fait c’est la reprise sous une autre forme des manuels américains qui depuis de très nombreuses années incluent à la fin de chaque chapitre des questions et des exercices pour assurer une progression continue de l’étudiant.
Dans le cas des MOOC le rôle du professeur change un peu grâce aux Tchats en synchrone et aux forums en asynchrone. Les étudiants posent des questions et le professeur répond. Il peut aussi orienter les travaux. Cette participation peut représenter une partie de la note finale. Dans le cas du MBA au quel j’ai participé cette contribution représentait 10 % de la note. La seule difficulté est de gérer le mode asynchrone car quand on a des étudiants se trouvant à l’autre bout du monde il est difficile d’avoir un véritable dialogue : il pose une question, on lui répond le lendemain matin et il lit la réponse le lendemain soir.
En fait la principale innovation des MOOC est de certifier à distance les étudiants mais, il faut bien le reconnaître, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances.

La situation actuelle

En effet, sur ce point les résultats des MOOC ne sont pas brillants. D’abord 90 % des étudiants commençant un cours ne le terminent pas. Ce taux est très élevé mais on sait depuis longtemps que la formation à distance et les cours du soir souffrent d’un taux d’attrition élevé. Ceci explique, en grande partie, le taux d’abandon élevé. Mais surtout le taux d’échec au contrôle final est anormalement élevé avec un taux de 90 % des 10 % allant au bout du cursus. Ceci fait que seulement 1 % des inscrits sont certifiés. Ce n’est pas brillant ! C’est un modèle perdant !
Pourtant les plus grandes universités américaines se sont lancées dans le développement de MOOC. Mais, il faut le savoir, leur but n’est pas de former de nouveaux étudiants se trouvant à l’autre bout du monde. En réalité l’objectif de ces grands acteurs est d’attirer de nouveaux étudiants à fort potentiels. Cela leur permet de détecter des personnes qui ne se seraient jamais manifestées à cause de la distance et de leurs faibles ressources. Grâce à Internet et notamment à des réseaux WiMax, très répandus dans les pays du tiers monde, il est possible à des personnes se trouvant sur d’autres continents de montrer leurs compétences. Ensuite l’université où l’école leur trouve une bourse et ils peuvent alors venir aux USA. En fait c’est une vitrine pour attirer le chaland !
En réalité les MOOC ne fonctionnent pas correctement avec le public des étudiants car ceux-ci ont besoin des échanges avec les autres étudiants, de la mise en concurrence les uns avec les autres (c’est le fameux « esprit concours ») mais aussi les pots entre étudiant à l’annexe, … Une formation réussie n’est pas uniquement une affaire de transmission et de contrôle des connaissances. Tous les enseignants le savent.

Les grandes entreprises sont le futur marché des MOOC

Paer contre il y a un autre domaine où les MOOC sont intéressants. C’est le domaine des COOC : les Corporate Open Online Course. Dans les grandes entreprises il est nécessaire de former d’importantes populations se trouvant dans de nombreux établissements répartis sur tout le territoire et dans de nombreux pays étranger.
Pour y arriver ces entreprises ont mis en place depuis des années des plateformes comprenant des cours, des vidéos, des chats, des blogs, des wiki,… La BNP a ainsi développé l’an passé un remarquable cours sur le SEPA, la nouvelle procédure de virement bancaire européen. Elle a été utilisée par la BNP mais aussi par de nombreux autres établissements financiers.
Ces plateformes ont pour but de développer les compétences internes. Pour cette raison elles sont, très souvent, gérés par la DRH des entreprises. Avec les COOC les formations sont dispensées là où se trouvent les personnes (ce qui évite les frais de déplacement et de séjours) selon leur emploi du temps (il est ainsi possible d’utiliser les temps morts dus à des baisses d’activité). Ces formations sont rendues obligatoires par la DRH et le management. Elles tendent à remplacer les universités d’entreprises crées depuis les années 90. 
En France les dépenses de formation continue s’élèvent à 35 milliards d’euros dont 13 milliards d’euros correspondent à des dépenses spécifiques de formation. Il est probable que cette somme peut être dépensée de manière plus efficace. Dans cette optique les COOC représentent une opportunité intéressante.
Les mêmes plateformes peuvent aussi supporter des SPOC : Special Purpose Online Course. Ce sont des discussions entre un groupe de personnes limités comme un comité de direction, un comité stratégique, un ensemble de personnes chargées d’étudier un projet, de racheter une entreprise, de lancer un nouveau produit, … Ils permettent d’avoir des échanges d’idée. Pour cela ils utilisent la vidéo, les chats, Skype, un wiki, … Une partie de la réflexion se fait en mode synchrone mais la plupart des travaux se font de manière asynchrone.
Autre utilité des MOOC : améliorer le processus de compréhension des contenus par les étudiants. En effet le système permet de suivre le comportement des apprenants en suivant toutes les transactions qu’ils effectuent, les retours en arrière, les erreurs qu’ils commettent, …. Les plateformes de MOOC sont des aspirateurs de données qui peuvent ensuite être exploitées par des outils de traitement de Méga Données (Big Data). Il est ainsi possible de comprendre les difficultés rencontrées par les étudiants et de corriger les points de faiblesse du cours. Ceci permet d’améliorer la qualité de la démarche pédagogique.

En guise de conclusion

En fait, malgré l’engouement passager, les MOOC ne sont pas adaptés aux étudiants en formation initiale. Ils passent mal car ils ont besoin du contact avec les autres. Les discussions, les échanges en dehors des cours, les pots, … sont nécessaires. C’est le rôle du présentiel et il est indispensable. Par contre les MOOC peuvent être employés comme des supers manuels avec en plus des exercices corrigés en ligne et la vidéo.
Mais, surtout les MOOC peuvent être utilisés dans les entreprises pour former de larges populations de salariés. Ceci concerne les grandes entreprises, surtout celles ayant une large implantation. Les petites entreprises et les artisans peuvent être aussi concernés par des opérations de requalification lancées par les syndicats professionnels ou par des opérateurs prêts à faire les investissements nécessaires comme des syndicats professionnels, des centres techniques ou des organismes parapubliques chargés d’aider ces entreprises. 



[1] - On peut traduire le terme MOOC en français par CLOT pour Cours en Ligne Ouverts à Tous. Un « Clot » signifie en anglais un caillot. On n’est pas loin de l’embolie car il existe d’autres traductions du terme comme Formation en Ligne Ouverte à Tous (FLOT), aussi appelée Cours en Ligne Ouvert et Massif (CLOM).
[2] - Coursera a été créé en 2012 par deux professeurs de Stanford :  Andrew Ng et Daphne Koller. Cette entreprise est financée par capital risque. Pour en savoir plus sur Coursera voir sur Wikipédia en cliquant ici  .  

mardi 1 novembre 2016

Participez à une enquête unique sur la gouvernance des systèmes d’information

La transformation numérique des entreprises est un sujet brulant. Toutes les entreprises sont concernées. Maurice Levy, Président de Publicis, a déclaré au Financial Times : « Tout le monde commence à craindre de se faire Uberiser. C'est l'idée qu'on se réveille soudainement en découvrant que son activité historique a disparu ». C’est une menace, mais c’est aussi une opportunité.

De récentes études démontrent qu’il existe une forte corrélation entre le niveau de maturité en matière de gouvernance des systèmes d’information et la performance des entreprises. Aussi, à l’heure de la transformation numérique des organisations, il nous semble important de faire le point sur les pratiques des entreprises et des administrations en matière de gouvernance des systèmes d’information. Il est pour cela nécessaire de consulter les responsables concernés : directeurs généraux, DSI, responsables des métiers, … seuls capables de décrire l’état des pratiques. Est-ce qu’ils sont sensibles aux enjeux de la gouvernance des systèmes d’information ? Quels sont les mesures prises et quels sont leurs impacts ?

Cette enquête s’adresse à l’ensemble des parties prenantes du système d’information : Directions Générales, Directions Métiers, Directeurs Informatiques (DI) et des Systèmes d’Information (DSI), Directions du Digital (CDO). Basée sur l’état de l’art en matière de gouvernance des systèmes d’information elle vous permettra de faire le point et de vous comparer aux autres. C’est une opportunité vous permettant d’améliorer la gouvernance des systèmes d’information et ainsi de réussir vos projets de transformation numérique en créant de la valeur pour votre organisation.

Pour effectuer cette enquête le Club de la Gouvernance des systèmes d’information (Pour mieux nous connaître voir notre site Web www.cegsi.org et notamment le manifeste de la gouvernance des systèmes d’information : http://www.cegsi.org/index.php/documents/telechargement-du-manifeste-en-anglais-espagnol-francais-portugais) et la revue Best Practices (https://www.bestpractices-si.fr/) se sont associés. Les différentes parties prenantes sont-elles sensibles aux enjeux de la gouvernance des systèmes d’information ? Distinguent-elles clairement les enjeux informatique, numérique et ceux des systèmes d’information ? Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en œuvre ?

Cette enquête sera effectuée au cours du 4ème trimestre 2016. Le questionnaire comprendra une quarantaine de questions et sera rempli « on-line ». Il sera accessible dans les jours qui viennent à partir de ce blog.
·       Dès que vous avez saisi vos réponses vous recevrez par email un relevé de vos réponses.
·       Vers la mi-décembre vous recevrez gratuitement le rapport flash établi sur la base des premières analyses effectuées.
·       Un mois plus tard vous recevrez gratuitement le rapport détaillé basé sur l’ensemble des répondants avec des analyses par secteur d’activité et par taille d’entreprise.

Pour participer à cette enquête il vous suffit de consulter ce blog dans les jours à venir.