Une nouvelle
race de managers
Elon Musk est un entrepreneur hors norme qui
symbolise parfaitement l’ADN des nouveaux managers à l’instar de Steve Jobs,
Jeff Bezos, Larry Page et Serguei Brin, Mark Zuckerberg et Jack Ma. Ils sont
dans la digne lignée des Thomas Edison ou John Davison Rockfeller de la fin du
19ème siècle et du début du 20ème.
Ils sont caractérisés par le fait de :
§
vouloir changer
le monde et de lui donner du sens,
§
remettre
en question les modèles existants,
§
n’avoir
aucune limite,
§
inventer
quand cela n’existe pas,
§
attirer
et s’entourer des meilleurs,
§
travailler
dur,
§
exiger
le meilleur de leurs équipes et de leurs partenaires,
§
mêler
curiosité scientifique et busines,
§
avoir
des caractères bien trempés,
§
manifester
une confiance et une foi inébranlable.
Les nouveaux
Barbares selon Bernard Quinio
Bernard Quinio dans son intervention sur « Les
nouveaux Barbares » au ceGSI de Juin 2016 (voir sur le blog GouvSI : La
transformation digitale pour répondre aux nouveaux barbares http://gouvsi.blogspot.fr/2016/07/la-transformation-digitale-pour.html
et Les entrepreneurs de la génération Y sont-ils plus doués que les autres ? http://gouvsi.blogspot.fr/2016/07/les-entrepreneurs-de-la-generation-y.html)
montre qu’il existe trois types d’attaque des modèles traditionnels d’entreprise
:
§
Le substitut. Ils font le même métier que
les entreprises traditionnelles mais de manière radicalement nouvelle, via le
numérique, et en s’affranchissant des règles de base. C’est par exemple le cas
d’Uber avec les taxis ou d’AirBnB avec les hôtels.
§
L’intermédiaire. Ils s’insèrent entre le
client et l’entreprise en fournissant de nouveaux services comme par exemple :
Booking, Capitain Train, …
§
Le complémentaire. Ces entreprises proposent
des nouveaux services dépendants de l’activité de l’entreprise comme par
exemple Zenpark.
Quatre facteurs poussent ces « nouveaux
barbares » à créer leur entreprise :
§
Ne pas s’ennuyer.
§
Lutter contre les contraintes.
§
Partager des valeurs (coopérative, écologie).
§
Faire des choses nouvelles tous les jours.
Leurs principaux leviers d’action sont :
§
Le réseau (Facebook et autres) et pas l’amicale
des anciens élèves de telle ou telle école.
§
Etre au plus proche de ceux qui font.
§
La confiance, le feeling et le regard.
§
Le leadership, la capacité de convaincre.
§
Le partage, la collaboration et l’équipe.
Quelques verbatims entendus par Bernard Quinio
au cours d’entretiens avec des créateurs d’entreprises :
§
« Je veux embaucher des gens plus
intelligents que moi ».
§
« Patron c’est un mot négatif ».
§
« Le créateur c’est celui qui entraîne,
celui qu’on suit ».
§
« On sait que tout se périme vite ».
§
« Il faut prendre de tout partout tout le
temps et sans hésiter ».
§
« Dans la rencontre, le plus important
c’est le regard ».
§
« Fais ce qu’il te plait tout de
suite ».
Elon Musk aurait
pu dire toutes ces phrases.
L’enfance
d’Elon Musk
Elon Musk est né à Pretoria, en Afrique du Sud en
1971. C’est un enfant solitaire et rêveur. Il est intéressé par les matières
scientifiques et attiré par la science-fiction. Il est diagnostiqué surdoué. A l’âge
de 10 ans, il fait la connaissance du monde informatique et deux ans plus tard
il crée un jeu vidéo consistant à détruire des vaisseaux extraterrestres. Il
dévore les livres et lit jusqu’à 10 heures par jour. Il lit, entre autres,
l’encyclopédie Britannica.
Compte tenu de sa petite taille il est souvent raillé,
voire pris à partie par ses camarades. Ses plus proches amis d’enfance sont son
frère Kimbal, avec qui il créera sa première société Zip2, et ses cousins, Pete
et Lyndon Ride, avec lesquels il lancera quelques années plus tard la société SolarCity.
En juin 1988, Elon Musk qui a tout juste 17 ans, décide de quitter l’Afrique du
Sud pour le Canada. Il obtient la nationalité canadienne car c’est celle de sa
mère.
Les études
d’Elon Musk
En 1989, il s’inscrit à la Queen’s University à
Kingston en Ontario. Deux années plus tard, il reçoit une bourse pour rejoindre
la fameuse Université de Pennsylvanie (UPenn). Elle avait été créée en 1740 par
Benjamin Franklin. Dans cette Université en 1846 a été conçu le premier
ordinateur totalement électronique : l’ENIAC (« Electronic Numerical Integrator
And Computer »).
Elon Musk intégrera à la fois la « School of
Engineering and Applied Sciences » (école d’ingénieur et de sciences
appliquées) et la célèbre « Wharton School » (business school).
En 2014, l’Université de Pennsylvanie, a été élue meilleure
université américaine. Elle fait partie de l’Ivy League : groupe de huit
universités privées particulièrement prestigieuses, créées au 17ème et
18ème siècles au nord-est des États-Unis par les britanniques dont
Columbia à New York City (1754), Cornell (1865), Harvard (1636), Princeton
(1746) et Yale (1701). Parmi ses diplômés célèbres de Wharton on peut citer Warren
Buffett, Alassane Ouattara (PhD), Jeremy Rifkin et Donald Trump !
Les premières
entreprises d’Elon Musk
En 1995, Elon Musk et son frère Kimbal s’installent
ensemble à Palo Alto et créent leur première start-up. Elle s’appelle Zip2.
C’est un ancêtre des Pages Jaunes fonctionnant sur Internet. Le progiciel est
vendu aux journaux les plus prestigieux comme le New York Times. Il choisit comme
slogan « We power the press ».
En février 1999 Compaq achète Zip2 pour 307 millions
de dollars. Elon Musk gagne dans cette revente 22 millions de dollars et son
frère 15.
Un mois après la vente de Zip2 il crée X.com. Cette start-up
a pour ambition de devenir la première banque en ligne. Il investit
personnellement 12 millions de dollars dans cette affaire, soit la moitié des
gains qu’il a réalisé avec Zip2. X.com est mis en ligne la veille de
Thanksgiving 1999. Elle offre une carte de paiement avec un crédit de 20
dollars, pas de pénalités de dépassement de la ligne de crédit ni de frais
bancaires. C’est immédiatement le succès. En 2 mois, X.com compte 200 000
clients.
L’un des principaux concurrents de X.com est une
autre start-up qui s’appelle Confinity. Elle a été créée par Max Levchin et
Peter Thiel. Elle permet d’échanger de l’argent via le port infrarouge d’un
Palm Pilot et propose un service de paiement en ligne nommé PayPal.
Plutôt que de se faire concurrence, Confinity et
X.com fusionnent en mars 2000. Elon Musk devient le principal actionnaire. Mais
très vite des divergences stratégiques apparaissent entre Elon Musk et Peter
Thiel, notamment à propos de l’architecture informatique. Elon Musk souhaite utiliser
les outils et le système d’exploitation de Microsoft, alors que Peter Thiel
utilise pour PayPal Linux.
En septembre 2000, Musk est en voyage de noce au
Brésil puis en Afrique du Sud où il attrapa la variante la plus virulente de la
malaria qui a failli lui être fatale. Ses associés en profitent pour le
débarquer. Finalement PayPal est vendue en juin 2002 à eBay pour 1,5 milliards
de dollars. Elon Musk gagne dans cette affaire 250 millions de dollars, soit
180 millions de dollars après impôts. Aujourd’hui Paypal vaut 50 milliards de
dollars alors que sa maison mère, eBay ne vaut en Bourse que 36 milliards de
dollars !
Avec ce magot Elon Musk aurait pu aller vivre dans
une ile des Caraïbes jusqu’à la fin de ses jours. Il fait le contraire et va investir
l’intégralité de ses gains dans trois nouvelles entreprises : SpaceX (100
millions de dollars), Tesla (70 millions de dollars) et Sollar City (10
millions de dollars).
SpaceX : les débuts
Elon Musk a toujours été fasciné par le spatial, les
planètes et les étoiles. En 2002, Elon Musk décide de déménager de Palo Alto à
Los Angeles pour se rapprocher de l’industrie aéronautique. Il crée une
première structure au nom étonnant de « Life to Mars » qui réunit des
chercheurs et des passionnés de l’espace et de la conquête spatiale comme James
Cameron.
Son premier projet consiste à envoyer des souris dans
l’espace et sur Mars. Il se rend donc à Moscou pour acheter une fusée. Il a un
budget compris entre 20 à 30 millions de dollars. Les russes sont très exigeants.
N’arrivant pas à conclure les négociations, il décide de construire lui-même
une fusée moins coûteuse.
Pour ce faire, il crée Space Exploration Technologies
ou SpaceX en juin 2002 et recrute les meilleurs ingénieurs spatiaux existants,
dont Tom Mueller qui sera la cheville ouvrière de la fabrication de la fusée
Falcon 1.
Son objectif est d’utiliser les recettes des start-ups
de la Silicon Valley dans une industrie qui n’a pas évolué depuis cinquante
ans. Elon Musk est d’une exigence extrême avec ses équipes et ses fournisseurs.
Il négocie tout, dans le plus petit détail, et participe parfois lui-même aux
expérimentations.
Les premiers lancements réussis
Entre 2005 et 2007 trois tentatives de lancement
échouent. Tout le monde aurait abandonné. Pas Elon Musk qui s’entête.
Finalement le 28 septembre 2008, un lancement Falcon 1 réussi. C’est la
première fois qu’une société privée réussit le lancement d’une fusée. Il aura
fallu six ans, 500 personnes et toute l’énergie d’Elon Musk pour y arriver.
Le lanceur léger Falcon 1 est le premier
développement de la société. Il peut placer 670 kg en orbite basse. Cinq
lancements de Falcon 1 ont lieu entre 2006 et 2009 et subit trois échecs.
Malgré cela Elon Musk lance un nouveau lanceur de taille moyenne, le Falcon 9, qui
va succéder au Falcon 1. Il peut placer 10,5 tonnes en orbite basse. Le premier
vol a eu lieu le 4 juin 2010. La fusée est régulièrement modifiée pour
améliorer ses performances.
En 2010, il réussit le lancement du vaisseau cargo
spatial de Dragon puis en 2012 il lance une version destinée à approvisionner la
station internationale, l’ISS. Une version V2 est à l’étude capable d’embarquer
un équipage. SpaceX a obtenu un budget de 440 millions du vaisseau de dollars
de la NASA pour poursuivre les études pour finaliser le transport des
personnes. Les ambitions de Elon Musk sont considérables. Le 7 juin 2013 il
envoie un mail à tous les salariés de l’entreprise pour leur expliquer
que « Le but fondamental de SpaceX est et a toujours été de créer la
technologie nécessaire pour implanter la vie sur Mars » !
L’art de la réutilisation
La grande idée de SpaceX pour réduire les coûts des
lancements est de chercher à récupérer tout ou partie de la fusée. Cela doit
permettre de les réduire d’environ 30 %. Pour cela il faut faire revenir le 1er
étage puis ensuite les 2ème et 3ème étages de la fusée de
la stratosphère et arriver à les faire atterrir sans casser le matériel. Après deux
tentatives d’atterrissage sur la plateforme maritime spécialement conçue à cet
effet, le 21 décembre 2015, SpaceX réussi finalement à atterrir avec succès le
1er étage d’une fusée sur la terre ferme au centre spatial Kennedy.
C’est une première mondiale.
Après un nouvel échec sur la plateforme maritime en
janvier 2016, SpaceX réussi le 8 avril 2016 à poser sans encombre la fusée. Cet
exploit a été réitéré 4 fois en 2016 : les 6 mai, 27 mai, 18 juillet et 14
août, et n’a connu qu’un seul échec le 16 juin 2016.
Elon Musk a pensé que vers 2025, SpaceX aura
probablement développé une technologie de propulseur et un vaisseau spatial
capables de transporter des humains. Le coût d’une mission sera ramené à un
montant compris entre 500.000 et 1 million de dollars. Pour y arriver, SpaceX a
obtenu un prêt d’un milliard de dollars auprès de Google et de Fidelity
Investments ([1]).
SpaceX emploie 5.000 personnes et lance actuellement
une fusée par mois. Elle lance des satellites pour le compte d’opérateurs
privés et approvisionne la station spatiale internationale. Le marché des
satellites explose avec la télévision, Internet, la radio, la météorologie, la
navigation et l’imagerie spatiale.
Les débuts de Tesla
Fin 2003, Elon Musk rencontre JB (Jeffrey Brian) Straubel.
C’est un jeune ingénieur tout juste diplômé de Stanford depuis un an et passionné
de mécanique. Il souhaite développer une nouvelle batterie lithium-ion destinée
au marché automobile électrique émergent.
Pour ce faire, Elon Musk et JB Straubel s’associent
avec les deux sociétés les plus avancées dans la conception et la production de
véhicules électriques : la société AC Propulsion, créée en 1992, et la
société Tesla Motors, fondée par Martin Eberhard et Marc Tarpenning. Elle
s’appelle Tesla en hommage à Nikola Tesla, inventeur des premiers alternateurs,
des réseaux électriques de distribution en courant alternatif et du moteur électrique à
courant alternatif. Elon Musk investi 6,5 millions de dollars dans Tesla et
devient son principal actionnaire. Il est nommé Président de l’entreprise.
Le cahier des charges est simple. Il faut créer la
meilleure voiture possible, éco-responsable, pratique et jolie de type
roadster. Le premier modèle sorti est vendu 90 000 dollars pièce. Il est
commandé par une trentaine de personnes dont les fondateurs de Google, Brin et
Page. En 2008, les premiers roadsters sont mis sur le marché mais réservés à la
clientèle américaine. Cette première série est un « prototype » permettant
de valider la faisabilité technique et commerciale de la vision d’Elon Musk. Tesla
vendra 2.500 voitures entre 2008 et 2012.
Passer de la
planche à dessin à la production en masse
Le principal défi de Tesla est de passer de la
R&D à la production. Marin Eberhard s’était engagé à sortir ces véhicules à
un coût de fabrication limité. Il n’a pas réussi car chaque véhicule coûtait
entre 170 et 200.000 dollars. Ayant échoué il est démis de ses fonctions en août
2007.
Elon Musk lance alors un programme de réduction massif
des coûts. En 2009, Daimler prend 10 % du capital de Tesla pour 50 millions de
dollars. Quelques mois plus tard, le Ministère de l’Energie accorde un prêt de
465 millions de dollars à Tesla. Pour produire en masse des véhicules Tesla
rachète une partie d’une usine Toyota pour 42 millions de dollars et Toyota
investit 50 millions de dollars pour avoir 2,5 % du capital de Tesla. Tesla est
introduit en bourse le 29 juin 2010.
Le succès des Modèle S, X et 3
Le développement de l’entreprise a été permis par la
création du modèle S. Pour cela Elon Musk fait appel à Franz von Holzhausen, le
designer du nouveau modèle de la Coccinelle de Volkswagen, qui a ensuite été directeur
de la création de Mazda. Elon Musk souhaite une esthétique proche de celle d’une
Porsche ou d’une Aston Martin, tout en étant un véhicule familial avec une
ouverture des portes arrières en « aile de faucon » pour simplifier
l’installation des sièges d’enfants. Il veut aussi intégrer un grand écran
tactile. La voiture arrive sur le marché en mai 2012 avec des qualités
d’accélération (de 0 à 100 km/h en 4,4 secondes) permis par les moteurs
électriques et d’autonomie (435 km sans recharge) grâce à des batteries de
grandes capacités. C’est remarquable.
Le modèle X est commercialisé à partir de septembre
2015. C’est un SUV (Sport Utility Vehicle) de sept places, le premier
« crossover » de la marque. Il est vendu au même prix que le modèle
S.
La Tesla 3 a été présentée le 31 mars 2016 et sera
commercialisée à la fin de 2017 a un prix annoncé de 35.000 dollars. Elle est
plus compacte que la Model S et vise le segment des berlines haut de gamme. À
l'origine, la Model 3 devait s'appeler la Model E, de manière à ce que les
différents modèles d'automobiles de Tesla forment le mot S-E-X-Y !
Cependant des litiges juridiques avec Ford (qui a une série de modèle : Ford
E-Series) ont amené Tesla à changer le nom de ce modèle pour la Model 3 qui est
l’inverse du E. La gamme de Tesla se résume aujourd’hui à : S-3-X.
Depuis son annonce, en moins d’un an, Tesla a
enregistré 500.000 réservations de la Tesla 3 ayant versés une avance de 1.000
dollars par voiture.
Les spécificités et l’originalité Tesla
L’approche commerciale de Tesla est totalement
différente de celle de tous les autres constructeurs automobiles. Tesla ne fait
jamais une publicité et n’a aucune forme de sponsoring. La puissance de la
marque est incarnée par son mentor. Elon Musk a 7 millions d’abonnés Twitter. Le
bouche à oreille ainsi que les réseaux sociaux jouent un rôle important. Tesla à
900.000 abonnés sur LinkedIn. Les voitures Tesla sont uniquement vendues dans
les boutiques Tesla ou sur le site Internet de l’entreprise. La qualité de
service est digne des plus grandes voitures de luxe.
Le coût des batteries est fondamental pour assurer le
succès de Tesla. Pour cela l’entreprise construit dans le Nevada la Gigafactory
qui sera la plus grande usine mondiale de batteries lithium-ion.
Pour pouvoir facilement recharger les véhicules Tesla
déploie à travers les Etats-Unis et l’Europe son réseau de Surperchargeurs.
Un grand coup de communication a été fait par Tesla le
15 octobre 2015 en livrant les premières voitures dotées de fonction de
pilotage automatique. Mieux, les véhicules vendus depuis 9 octobre 2014 ont pu en bénéficier
ce jours-là, grâce au téléchargement, de la version 7.0 du logiciel de conduite
autonome. Il est possible de faire rouler la voiture sans toucher le volant et
les pédales. En effet, ces voitures disposaient depuis un an, de l’ensemble des
dispositifs techniques nécessaires : une caméra, un radar, des capteurs
ultrasons et un GPS. Il a suffi de livrer le logiciel permettant la conduite
mains-libres. Alors que les autres constructeurs continuent de tester la
conduite automatique sur quelques véhicules Tesla livre des voitures autonomes.
Malheureusement le 7 mai 2016, le conducteur d’une
Tesla, Joshua Brown, décède en Floride à la suite d'une collision avec un
semi-remorque alors que la fonction Autopilot de son véhicule était active. Mauvais
pour l’image ! La Justice a été saisie. Le 19 janvier 2017, l'Autopilot
est mis hors de cause car le conducteur de la Tesla avait eu 7 secondes pour
réagir à la situation et n’a pas réagi. L'accident est dû à des "facteurs
humains". Autre fait significatif, une enquête de la NHTSA (National
Highway Traffic Safety Administration) a montré que le taux d'accidents des Tesla
a baissé de près de 40 % depuis l'introduction du pilotage automatique
(source : Wikipédia).
Tesla emploie 10.000 personnes et l’entreprise est
valorisée début 2017 à 40 milliards de dollars. Par comparaison, Renault est
valorisé 25 milliards de dollars et Peugeot est à 14 milliards de dollars.
Ensemble ils représentent 39 milliards de dollars soit moins que Tesla. Or,
Renault a un chiffre d’affaires de 45 milliards de dollars et Peugeot 55
milliards de dollars soit ensemble 100 milliards de dollars alors que le chiffre
d’affaires de Tesla est d’environ 7 milliards de dollars. La comparaison est
significative.
Et Hyperloop arrive
Et si un train allait à la vitesse d’un avion et même
plus vite. Quatre fois plus vite qu’un TGV : Paris-Lyon en moins d’une
demi-heure, Paris-Marseille en trois quart d’heure. Elon Musk évoque son projet
Hyperloop pour la première fois en juillet 2012. Un an plus tard, le 12 août
2013, il officialise son concept. Il le définit comme le 5ème mode
de transport, après les bateaux, les voitures, les trains et les avions. Une
société dédiée au projet a été fondée, la Hyperloop Technologies Inc.
L’objectif est de relier les centres de Los Angeles et de San Francisco, soit
550 kilomètres en moins de 30 minutes.
La solution repose sur une capsule transportant des
voyageurs pouvant aller de 1.100 à 1.300 km/h dans un grand tube pneumatique sous
basse pression pour limiter les frictions avec l'air se trouvant dans le tube. De
plus, les capsules se déplacent sur un coussin d'air généré à travers de
multiples ouvertures sur la base de celles-ci, ce qui réduit les frottements.
Les capsules sont propulsées grâce à un champ magnétique créé par des moteurs à
induction linéaires placés à intervalles réguliers à l'intérieur des tubes.
Pour le développement de l'Hyperloop, Elon Musk a
recours au crowdsourcing, à l'open source et au collaboratif, sans parler de l’emploi
de l’énergie solaire. Il n'a d'ailleurs déposé aucun brevet pour l'Hyperloop.
L’ADN hors
norme d’Elon Musk
Comme on le voit, Elon Musk est aujourd’hui une
personnalité incontournable. Il veut changer le monde et même plus. Ashlee
Vance dans son biographe explique qu’Elon Musk a construit « la théorie du
champ unifié », c’est-à-dire qu’il fonctionne en circuit fermé et
interdépendant reliant ses différentes entreprises : les panneaux solaires de
SolarCity permettent d’alimenter les stations de recharge de Tesla en
bénéficiant des échanges de technologie sur les matériaux pour SpaceX.
La fortune d’Elon Musk s’élève aujourd’hui à 10
milliards de dollars. Il emploie plus de 15.000 personnes dans l’ensemble des
Etats-Unis.
Comme l’explique Larry Page, l’un de ses meilleurs
amis et fondateur de Google : « Elon Musk est un des rares
entrepreneurs à penser à long terme. Et il prend tous les risques pour changer
le monde ».
Elon Musk casse indéniablement les codes. On peut
résumer sa stratégie en quelques points :
§
Sa marque de fabrique est d’observer, de lire, de repérer
les meilleures idées, de voir grand, de remettre en question les habitudes et
les idées reçues et surtout de ne pas avoir de limites.
§
Il possède une véritable vision des
choses comme : « si je fais une voiture électrique qui a les performances
d’une Porsche et le look d’une Jaguar, c’est bingo. Et en plus je contribue à
sauver le monde du fatal réchauffement climatique ».
§
Il possède une capacité de travail hors norme.
Il travaille 15 à 20
heures par jour, 7 jours sur 7. Il ne prend jamais de vacances.
§
Il ne veut travailler qu’avec les meilleurs
et il les choisit lui-même. Il faut qu’ils aient réussi brillamment leurs
études mais qu’ils aient aussi à leur actif des réussites concrètes. Il a lui-même
sélectionné les 1.000 premiers embauchés de SpaceX.
§
Il est d’une exigence totale :
« do the impossible on top of the impossible ». Il refuse les excuses
et n’accepte pas l’absence de proposition de solutions.
§
Il est clairement adepte d’une approche interdisciplinaire et il croit en la « science
des choses » : la physique, les mathématiques, la chimie, l’électronique,
l’informatique, l’organisation…
§
Il emploie les méthodes de travail de la
Silicon Valley et en particulier celles adoptées par les éditeurs pour arriver
à avoir une organisation agile, rapide, sans bureaucratie, sans hiérarchie,
tournée vers un objectif très ambitieux voire révolutionnaire pour obtenir le
meilleur de chacun. Les ingénieurs travaillent avec les cols bleus en mode
plateau sans aucune difficulté.
§
Il n’accepte pas forcément l’avis des experts.
Depuis le début du développement de ses fusées, Elon Musk souhaite, contre
l’avis de tous, les rendre au moins en partie réutilisables afin de permettre
de diminuer les coûts ce que personne, jusqu’alors, n’a jamais réussi. Lorsqu’il
a lancé le projet Hyperloop, tous les experts scientifiques considéraient que
ce n’était pas possible techniquement. Aujourd’hui, le prototype fonctionne.
§
Il veut démocratiser l’usage des produits
et des services au profit du plus grand nombre. L'un de ses objectifs est de
réduire les coûts d'accès à l'espace d’un facteur dix. Observant l’industrie
aérospatiale il explique qu’elle construit des Ferrari alors qu’une simple Honda
Accord ferait l’affaire.
§
Il souhaite partager l’innovation. En
juin 2014, Elon Musk rend les brevets de Tesla accessibles à tous. Pour lui : «
Si une entreprise dépend de ses brevets, c'est qu'elle n'innove pas ou alors
qu'elle n'innove pas assez rapidement. » Le principe est le même pour
Hyperloop.
§
Il n’hésite pas à créer. Quand les solutions du marché
n’existent pas ou sont insuffisantes il invente de nouvelles technologies de
développement et d'ingénierie, comme les batteries ou des logiciels de
simulation de la dynamique des fluides afin d'améliorer leur capacité de
simulation, d'évaluation et de conception des moteurs de fusée.
§
Il recherche continuellement le sens des
choses et fait appel aux solutions les plus radicales. Ainsi, pour assurer
la protection de l’environnement il veut débarrasser la planète des grosses
cylindrées polluantes tout en ayant la possibilité de se laisser griser par une
bonne poussée d’adrénaline grâce aux accélérations peu communes permises par
les moteurs électriques.
§
Il ose tout. A la mi-2015, il a demandé
au gouvernement américain l'autorisation de lancer 4.000 satellites afin de
donner accès à Internet au monde entier. De même, il envisage d’envoyer 10.000
fusées pour conquérir Mars.
§
Il possède une ténacité incroyable et ne
renonce jamais : « My
mentality is that of a samurai. I would rather commit seppuku than fail ».
Un de ses plus proches collaborateur et ami, expliquait que sa
philosophie est : « do or die but don’t give up »
Indéniablement, Elon Musk restera longtemps dans
l’histoire de la « Révolution Numérique ». Il possède toutes les
qualités des « nouveaux Barbares » de Nicolas Colin et celles
décrites par Bernard Quinio. Quand son biographe Ashlee Vance lui a demandé :
« Jusqu’à où êtes-vous prêt à aller », il a répondu :
« J’aimerais mourir sur Mars » !
Pour aller plus loin et mieux
comprendre Elon Musk il faut lire l’excellent livre de Ashlee Vance :
« Elon Musk : How the Billionaire CEO of SpaceX and Tesla is Shaping our
Future » chez Virgin Books. Il est traduit en français chez Eyrolles sous
le titre : « Elon Musk Tesla, PayPal, SpaceX : l’entrepreneur
qui va changer le monde ».
[1]
- Fidelity Investments est le 4ème mutal fund au monde et le 2ème
aux Etats-Unis. Le plus important fond américain est Vanguard Group. Les mutual
fund sont la version américaine de nos SICAV ou plus généralement les OPCVM.
Fidelity Investments gère un montant de 2.100 milliards de dollars d’actifs.
Elle possède une filiale de venture capital : Fidelity Ventures (pour en
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