par Claude Salzman
En mars 2020, en quelques jours, sous la pression de
la Covid et du confinement, la France a changé de monde. Durant le 1er
confinement une phrase souvent répétée résumait la situation : « plus rien
ne sera comme avant ». Puis, après le 11 mai on l’a un peu oublié car on
était revenu « aux jours heureux ». Le 2ème confinement a
confirmé la nécessité de modifier nos manières de vivre et de travailler.
Cela s’est traduit par des changements importants concernent
différents domaines. C’est en particulier le cas du télétravail. Il représente un
bouleversement considérable. Pendant longtemps on en parlait mais, en réalité,
elle ne concernait que peu de personnes. Or, en quelques jours, d’un seul coup,
des millions de personnes ont été obligé d’y recourir et globalement cela a été
un succès. Ce n’est pas la seule rupture mais c’est probablement celle qui a eu
le plus fort impact à court terme et elle va, probablement, avoir des effets
considérables à moyen terme.
Ces changements vont profondément influencer le
fonctionnement des entreprises et cela se produit au moment où celles-ci sont
en train de commencer leur transformation numérique.
L’impact du confinement
En 2020, pour la 1ère fois dans l’histoire, face à la Covid-19, tous les Etats, ou presque, ont choisi de privilégier la sauvegarde des personnes plus que celle de l’économie. C’est un changement fondamental car dans le passé, face aux pandémies, on essaye de continuer à agir comme on le faisait habituellement alors que rien ne se passait comme d’habitude.
Face à la décision de confiner toute la population, il
a fallu trouver des solutions en quelques heures. Les entreprises ont dû se
réorganiser. Certaines ont basculé sans problème dans le télétravail alors que d’autres
ont rencontré plus de difficultés. Il leur a fallu, en urgence, équiper une
partie de leurs salariés en PC, en écran, en imprimante, en VPN, … On a utilisé
le modem de la maison et éventuellement du PC familial. Des portables ont été
distribués en urgence. Et chacun s’est débrouillé comme il a pu.
Les entreprises ont dû adapter leur organisation à ce
contexte exceptionnel. Et cela a globalement réussi. Elles ont continué de
fonctionner sans rencontrer trop de difficulté, il est vrai que le niveau
d’activité au cours de cette période était plus faible que d’habitude.
Les quatre domaines les plus impactés
Tous les secteurs ont été impactés par les confinements. Le plus visible a été le commerce. On a observé un développement important du commerce électronique qui a augmenté de + 13 % au cours du 1er semestre 2020. Ceci s’est produit au moment où le commerce de détail traverse une grave crise. De plus, on a découvert que la plupart des commerçants n’étaient pas prêts car ils ne disposaient pas de site Web permettant de choisir des articles et de les commander. Ces entreprises ont vu leur chiffre d’affaires s’évaporer. De même ceux qui n’avaient pas un service d’expédition et de livraison n’ont pas pu faire du « clic and collect ». Or la constitution des bases de données des produits et des clients sont des opérations difficiles et longues à réaliser. Ceux qui hésitaient réaliser les investissements nécessaires n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Cependant le développement du commerce électronique n’est pas une nouveauté. Cela 25 ans qu’il progresse régulièrement et rapidement. Ils ne devaient pas être au courant.
Mais le commerce électronique n’a pas été le seul
phénomène notable de crise. La Covid a aussi fortement impacté quatre grands
domaines et ce choc brutal va avoir des conséquences importantes dans les
années à venir. Quatre secteurs sont directement concernés. Ce sont :
·
Le télétravail,
·
L’éducation à
distance,
·
Les distractions,
·
La culture.
Ces secteurs vont connaître des changements majeurs qui vont profondément impacter nos sociétés et changer notre manière de vivre, de travailler, de se former, de s’amuser, …. Bien entendu ce ne sont pas les seuls secteurs impactés par la Covid mais les effets de ces changements n’auront pas la même importance.
Le télétravail
Parmi ces quatre mutations, la plus importante est la généralisation du télétravail. On est passé en quelques jours d’une pratique réservée jusqu’alors à un nombre limité de personnes se trouvant dans des situations particulières à une généralisation à environ un tiers des salariés (voir plus loin). C’est un changement de paradigme. A l’issue du premier confinement certaines entreprises ont alors décidé de continuer le télétravail. Les plus connues sont Google, Facebook, Twitter, … Mais ce mouvement ne touche pas que les entreprises de la Côte Ouest des Etats-Unis. En France le cas le plus étonnant est celui de PSA mais il y a aussi MAIF, Allianz, ….
Le patronat
français, qui n’est pas connu pour ses audaces révolutionnaires, est en train
d’évoluer sur ce sujet. A la suite du premier confinement, un diagnostic partagé
sur le télétravail a été établi entre les syndicats de salariés et le patronat.
En gros il faut y aller mais avec des règles claires : volontariat, droit
au retour en présentiel, plafond du nombre de jours en télétravail, droit à la
déconnexion, mise à disposition des matériels, prise en charge des frais
occasionnés (notamment la connexion à la fibre, portable, …), animation
d’équipe, … Un accord national interprofessionnel (ANI) a fixé quelques grandes
règles. Il n’est pas impératif. Entre 200 et 300 entreprises ont décidé de
négocier des accords d’entreprise. De jour en jour la liste de ces entreprises
s’allonge : Danone, Schneider Electric, MGEN, April, Apec, Framatome, … Dans ce
contexte, cet accord est un « appui à la négociation ».
Manifestement la Covid a profondément bouleversé les règles du jeu. Comme le dit très bien Peter Cheese, directeur du Chartered Institute of Personnal and Development britannique : « La pandémie a mis en place la plus grande expérience de télétravail jamais tentée et les gens se sont rendus compte que ça marchait » (voir les développements sur le télétravail plus loin).
L’éducation à distance
Le second secteur qui a été directement impacté par le 1er confinement a été l’Education Nationale. Or, c’est probablement une des organisations les plus lourdes et les plus rigides qui soit. En seulement quatre jours il lui a fallu basculer de l’enseignement en classe à l’enseignement à la maison, en somme « passer de l’ancien monde au nouveau ». Grâce au confinement 12 millions d’enfants et d’adolescents ont découvert l’école à la maison. Cela aurait pu être une catastrophe totale. Or, la surprise générale cela s’est plutôt bien passé. Bien sûr il y a eu quelques loupés. On ne fait pas manœuvrer au quart de tour 800.000 enseignants comme on fait défiler un régiment dans la cour de la caserne.
Bien entendu, certains enfants ont perdu tout contact avec l’école. Ils ne pouvaient pas suivre les cours sur Zoom car ils n’avaient pas d’ordinateur à la maison, ils ne faisaient pas les exercices et les devoirs car ils n’avaient pas de boîte mail, de plus personne ne pouvait les aider à la maison car leurs parents étaient illettrés ou presque, … Ce sont les « décrocheurs ». L’Education Nationale estime qu’ils représentent 4 % des élèves. C’est peu mais cela fait quand même 500.000 enfants perdus dans la nature. Mais rassurons-nous, depuis ils sont revenus.
C’est un
bouleversement considérable car traditionnellement l’enseignement se fait dans
une salle de cours avec un professeur qui dispense les connaissances ([1]).
Le cours magistral est au cœur de la pédagogie. Ce modèle d’enseignement n’est
pas nouveau. Il existe depuis plus de quatre siècles et a été inventé par les
Jésuites. Il est basé sur la transmission du savoir par la parole. De plus, il repose
sur l’émulation des enfants par la mise en concurrence de chaque élève contre tous
les autres. Le classement était le cœur de la pédagogie du 17ème
siècle et au 21ème siècle et il est toujours là. Beaucoup de choses
ont changé mais en France ce modèle est resté et il est devenu dans les pays
évolués une exception qui se survit à lui-même.
L’Education
Nationale a toujours été très réticente à toute évolution de ce modèle qui
était perçu comme une baisse du niveau. Un exemple parfait est la grande
prudence du corps enseignant en matière d’enseignement à distance. Il existe un
organisme spécialisé dans ce type d’enseignement : le CNED. Aujourd’hui,
après plus de 80 ans d’existence, il n’a que 55.000 élèves qui suivent ses
cours, surtout dans le primaire. Il est surtout utilisé par les enfants dont
les parents séjournent dans des pays où il n’y a pas d’école ou de lycée
français.
De même il existe
tout une offre riche d’outils informatiques destinés surtout aux élèves du
primaire qui sont curieusement appelés espaces numériques de travail. Jusqu’au
1er confinement ils étaient peu utilisés. Or ils fonctionnent bien
mais cela va à l’encontre de la vision de l’enseignement du corps enseignant. Hors
du présentiel point de salut !
Ceci fait que le
13 mars 2020, lorsque le Ministère a annoncé que les écoles, collèges et lycées
seraient fermés pendant le confirment avec effet le 16 ce fut une belle panique
car rien n’avait jamais été prévu. Dans un premier temps les professeurs ont
envoyé par mail des programmes de cours pour que les parents sachent quoi faire
et des exercices pour contrôler l’avancement. Mais très vite ils ont eu recours
à Zoom. Ce n’est pas le retour du cours magistral mais cela lui ressemble. C’est
un substitut qui permet de faire du présentiel à distance. Malheureusement la
vidéo ne permet pas à l’enseignant de suivre le travail des élèves. De plus, il
n’est pas possible de demander aux enfants de rester derrière leur écran six
heures par jour. Enfin il y a le fait que dans un certain nombre de familles il
n’y a pas de PC et s’il y en a un comment le partager entre toute une fratrie.
La fin du modèle classique d’enseignement
Malgré ces improvisations et ces bricolages, cela a tenu. L’Education Nationale a fait une expérience en vraie grandeur et le corps enseignant s’est aperçu que ça marchait. A l’issue de ces presque 2 mois de confinement deux constatations se sont imposées :
-
Le
présentiel n’est pas indispensable pour former. Pendant ces cinq semaines (compte tenu
des 2 semaines de vacances de Pâques) les enfants ont travaillé et ont appris
des choses. Ceci a démontré que la salle de classe n’est plus le seul lieu où il
est possible de faire de la pédagogie.
-
La
plupart des enfants ont apprécié de travailler de cette manière. Ils ont notamment jugé positif qu’il y ait
moins de cours et qu’ils étaient incités à se prendre en charge et à effectuer plus
de travail personnel. Cela ne veut pas dire qu’avant il n’y avait pas de
travail personnel mais ce n’était pas le cœur de la démarche pédagogique.
Cette démarche n’est
pas nouvelle. C’est l’objet des méthodes actives. Elles datent du 18ème
siècle. L’initiateur en fut Jean Jacques Rousseau dans l’Emile. Quelques années
après, ses idées furent mises en pratique par Johan Heinrich Pestalozzi et Friedrich
Flöbel mais pour leur diffusion il a fallu attendre le 20ème siècle
avec Maria Montessori et Célestin Freinet. Ce dernier a dit : « La voie normale de
l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la démonstration,
processus essentiel de l’École, mais le tâtonnement expérimental, démarche
naturelle et universelle ». Ces quelques semaines ont permis d’assister à
l’émergence d’une nouvelle
pédagogie basée sur la recherche de l’information, la lecture et l’analyse de
différents documents, l’organisation du travail en commun, la structuration des
connaissances, la rédaction d’un document (note, rapport, …).
Il est certain que cette petite graine va germer et elle va tôt ou tard amener une évolution de la pédagogie. Comme le disait Célestin Freinet : « Étudier d’abord ces règles et ces lois, en français, en art, en mathématiques, en sciences, c’est placer la charrue devant les bœufs ».
Les distractions
Les confinements et les mesures de sécurité sanitaire ont empêché la plupart des activités distractives : théâtre, opéra, cinéma, concert, festival, variétés, sport, musée, … Et cette situation risque de durer un certain temps. Or, la plupart des activités distractives sont de nature collective. On s’assemble pour voir un spectacle, pour voir un film ou assister à un match. Mais ce n’est pas nouveau. Cela remonte à l’antiquité. Les grecques ont inventé le théâtre et les romains le cirque, les courses de chars, ….
Mais une fois le 1er
confinement terminé on n’a pas constaté une ruée vers les spectacles, les
festivals et le sport. Ceci est dû aux contraintes de la jauge des salles, à
l’usage des masques et à la distanciation sociale. Mais surtout il y a la
crainte de la contamination. Tant que le virus de la Covid circule, les
distractions collectives auront du mal à se dérouler. Le 2ème
confinement n’a pas arrangé la situation du secteur.
Dans ces conditions, on assiste au développement très rapide de la VOD, Vidéo à la Demande, et
notamment de Netflix grâce à un engouement pour les séries qui atteint 170
millions de clients. Mais à côté il y a le développement de nombreux sites
concurrents comme Amazon Prime Video, Apple TV ; Hulu (service de la
compagnie Walt Disney limité aux seuls USA), Disney +, StarzPlay, HBO, … Leur
développement est tel qu’il met en péril les entreprises de télévision et les
salles de cinéma. En France on assiste à une croissance, à une plus petite
échelle, de services comme Canal + Séries, OCS (qui appartient à Orange),
Molotov, Salto (regroupant TF1, M6 et les chaînes de France Télévision), …
Les distractions vont de plus en plus se faire « à la maison » et il est probable que lorsque la pandémie sera terminée ces habitudes persisteront.
N’oubliez pas la culture
A côté de la profonde mutation des industries de la
distraction on voit se profiler un bouleversement profond du monde de la
culture. Face à la longueur de la crise sanitaire, on voit apparaître de
nouvelles pratiques culturelles. La plus étonnante est celle du musée virtuel
qui permet de visiter un musée comme si vous y étiez.
Il y a d’abord la visite filmée avec un arrêt devant
chaque tableau. C’est, par exemple, le cas de la visite du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg filmé en continu à l’aide d’un
iPhone 11 Pro et qui dure 5 heures 20 minutes (https://www.youtube.com/watch?v=49YeFsx1rIw&t=26s). On découvre des tableaux étonnants ainsi vers 1h 14 ceux de
Jérôme Bosch et de Breughel. Seul problème, il faut attendre plus d’une heure avant
de pouvoir admirer ces chefs-d’œuvre.
Le Metropolitan
Museum de New York a une autre approche en laissant le visiteur se promener
dans le musée au grès de sa fantaisie. Ainsi, grâce à « The Met 360° Project: The Temple of Dendur » vous
pouvez visiter un temple égyptien reconstitué dans un immense hall du musée (https://www.youtube.com/watch?v=h9OTCFAmbmA&feature=youtu.be).
Cette approche a été
développée depuis plusieurs années par Google. Dans Google Maps en tapant le
nom d’un musée vous avez la possibilité de visiter à votre rythme les
collections qui vous intéressent, par exemple, toujours, au Metropolitan Museum
vous pouvez visiter une belle collection de peintre français dont Delacroix (https://www.google.fr/maps/@40.7784281,-73.963658,2a,75y,120.78h,74.1t/data=!3m6!1e1!3m4!1s7Zxud_EZIcT51llWX-VIwQ!2e0!7i5632!8i2816?hl=fr ). Signalons que le Louvre n’est pas sur le site de
Google Maps. Vous ne pouvez voir que l’extérieur du Musée du Louvre et quelques
photos éparses prises à l’intérieur du Musée d’Orsay. C’est probablement l’exception
culturelle française.
Il existe aussi un
très beau site « Google Art et Culture » qui permet de voir des
dizaines de milliers d’œuvres d’art se trouvant dans le monde. Il suffit de
cliquer sur : https://artsandculture.google.com. Le site est tellement riche qu’on s’y
perd. La page d’accueil vous propose de très nombreuses options notamment grâce
à un carrousel qui change chaque jour. Vous pouvez aussi rechercher les œuvres
d’un peintre comme, par exemple, Claude Monet (https://artsandculture.google.com/search?q=Monet ). Immédiatement vous avez accès à une
collection de 226 œuvres mais un peu plus bas sur la page vous pouvez trouver une
autre sélection avec 617 œuvres dont quelques unes ne sont pas de Claude Monet
mais le résultat d’une indexation un peu trop hâtive. Malgré cela le résultat est
remarquable.
Il est ainsi possible
de visiter plusieurs milliers de musées et de collections comme : le British
Museum, le Rijksmuseum, la Tate Gallery, le Musée de l’Orangerie, la Royal
Collection Trust, le Musée Paul Getty, le Yale Center for British Art, …. Certains
musées présentent des milliers d’œuvres et d’autres seulement quelques
dizaines. Notons l’engagement du Metropolitan Museum qui présente 200.000
pièces : https://artsandculture.google.com/partner/the-metropolitan-museum-of-art. De même le Rijksmuseum présente 165.000
pièces. Ici aussi on note l’absence de quelques musées importants comme le
Louvre.
Mais rassurons-nous
le Louvre se met aussi aux visites virtuelles mais de manière indépendante. Sur
le site du musée on peut voir une visite virtuelle. Logiquement on aurait pensé
à une visite de la Galerie des Italiens et de la Joconde. Erreur, on a droit, à
la place, à la visite d’une galerie oubliée et d’un intérêt limité : https://petitegalerie.louvre.fr/visite-virtuelle/saison3/#/petite_galerie_9/ . Mais il ne faut pas désespérer, un
jour la Belle au Bois Dormant va se réveiller !
En matière de
concert il y a eu aussi des initiatives intéressantes d’orchestres confinés comme celle de
l’Orchestre National de France de Radio France jouant le Boléro de Ravel ou chaque
musicien jouant dans son appartement comme s’ils étaient réunis ensemble :
https://www.youtube.com/watch?v=Sj4pE_bgRQI .
Ces différents exemples montrent que face aux contraintes sanitaires il existe une grande variété d’approches possibles. La Covid n’a pas tué la culture. Au contraire, on assiste à l’apparition de nouvelles approches.
Le futur du travail en question
Comme on le voit
les confinements ont changé beaucoup de choses dans notre monde mais indiscutablement
parmi toutes ces mutations, la principale concerne le télétravail. Certains ont
pensé qu’après le Covid on reviendrait au travail « as usual ». Mais
ce n’est pas ce qui a été constaté. On a d’abord constaté que certaines
entreprises ont volontairement décidé de continuer le télétravail comme Google
mais on se dit que c’est normal car c’est une entreprise californienne du
secteur de la technologie. Mais que dire lorsque c’est le cas d’une entreprise
industrielle en France comme PSA ? De plus on a constaté un niveau de satisfaction
élevé des salariés face au télétravail : 88 % souhaitent continuer le
télétravail dont 43 % de façon régulière et 45 % occasionnellement.
Malgré ce niveau élevé de satisfaction, le plus grand nombre d’entreprises étaient revenues au travail dans les locaux de l’entreprise après la fin du 1er confinement mais elles ont été obligées de revenir au télétravail avec le 2ème. Il est probable que ce va et vient n’est pas la meilleure solution. Cette situation est, en grande partie, due à la forte réticence du management à abandonner le modèle d’organisation classique du travail de bureau.
Petite histoire du télétravail
Pourtant le
télétravail n’est pas une idée nouvelle. Le premier à l’avoir évoqué est Jack
Schiff en 1972 dans un article publié par le Washington Post. Il parlait déjà à
cette époque de « Téléwork ». Jack Schiff n’était pas un inconnu.
C’était un des éditeurs des comics Batman et de Superman. Etonnant !
Cette
idée a été reprise en 1975 par Jack Nilles. Il était ingénieur en fusée à Los
Angeles et il était lassé de perdre tous les jours des heures dans les embouteillages
qui, de plus, se traduisait par un niveau de pollution particulièrement élevé.
Son idée était d’ouvrir des bureaux satellites près des domiciles des salariés.
Il appelait cela le « Télécommuting ». Jack Nilles est devenu le pape
du télétravail.
En
France ces idées ont assez vite séduit la haute administration et notamment la Datar
qui était jadis chargée de l’aménagement du territoire. Malgré des efforts
importants, le nombre de salariés télétravaillant ne s’est pas développé. Après trente
ans d’efforts seulement 1 % des salariés travaillaient à distance 3 jours et
plus par semaine.
Eurostat
a fait, avant la pandémie, une enquête européenne sur le télétravail de 1 à 5
jours par semaine faisant apparaître de grandes différences entre l’Europe du
Sud et l’Europe du Nord :
Italie
5 %
France 7 %
Espagne 9 %
Allemagne 12 %
Grande
Bretagne 27 %
Suède
et Pays-Bas 37 %
Entre l’Italie et la Suède, on est dans un rapport de 1 à 7. Ceci est dû à des modes d’organisation très différents. D’un côté on reste dans la défiance envers les salariés et de l’autre on mise sur la confiance.
Jadis cela s’appelait le travail à domicile
Contrairement à ce
qui est souvent dit le télétravail n’est pas une idée nouvelle. Jadis, au 17ème
et au 18ème siècle, avant la révolution industrielle, la pratique du
travail à domicile était très répandue en Grande-Bretagne mais aussi dans le
Nord de la France, dans les Alpes, en Suisse, … Cette pratique s’appelait le
« Putting-Out System » curieusement traduit en français par le terme « Domestic
System ». L’idée était de profiter de l’oisiveté des paysans pendant la
morte saison. Le donneur d’ordre amenait la matière première à l’automne et
revenait ramasser les produits fabriqués au printemps. Avec l’invention de
l’usine on a assisté à la disparition rapide du travail à domicile.
Il concernait
différents secteurs :
-
Les
tisserands notamment le filage et le tissage. Par contre, la teinture était
faite dans des ateliers.
-
La
fabrication de chaussures.
-
La serrurerie.
-
L’horlogerie
notamment la fabrication des pièces.
Le travail à domicile n’a pas encore disparu. Il existe dans différents pays d'Asie, notamment en Chine et aux Indes, mais aussi en Amérique du Sud.
Des chiffres fantaisistes et des réalités bien concrètes
Pendant les
confinements on a eu droit à toutes sortes d’évaluations du nombre de
télétravailleurs. Durant le 1er confinement on les a estimés à un
pourcentage compris entre 29 % et 40 % soit 8 à 11 millions de personnes ([2]).
L’écart est quand même égal à 3 millions ! Ce pourcentage est très
variable selon les approches possibles : soit on se limite au secteur
privé, soit on prend en compte le secteur public (6 millions de personnes)
notamment les enseignants (800.000 personnes) , soit on prend uniquement
les salariés à l’exclusion des indépendants : artisans, agriculteurs, petits
commerçants, profession libérales, ….
Il est probable que
le pourcentage moyen ait été de l’ordre de 35 %. On notera que ce pourcentage
est très supérieur à l’effectif des cadres qui est de l’ordre de 17 %. Ceci montre
qu’une partie significative des télétravailleurs sont des employés : des comptables,
des administratifs, des responsables d’approvisionnement, des chargés
d’administration des ventes, …
En mars 2020 on est passé, en
quelques jours, d’un pourcentage de télétravail de 1 % à 35 %. C’est un
changement fondamental. De plus qu’une grande partie des personnes ont été
obligées pendant la durée du confinement de travailler en permanence de leur
domicile sans pouvoir retourner au bureau ce qui n’est pas forcément la
meilleure solution de télétravail. Or, malgré une certaine improvisation on a
constaté que dans l’ensemble les télétravailleurs ont
été satisfaits de cette expérience et le 2ème confinement a
confirmé cette appréciation.
Interrogés de manière anonyme une bonne partie des salariés souhaitent continuer de
travailler de cette manière à condition qu’on met en place des réunions
d’équipe en présentiel, que les entreprises leur donne le matériel nécessaire
(PC, imprimante, bureau, fauteuil, armoire de rangement, …), que certains frais
soient pris en charge comme la connexion Internet, que certains logiciels
soient adaptés au travail à distance, qu’une assistance technique les aides en
cas de difficultés informatique, …
En fait, la résistance au télétravail ne vient pas des salariés mais du management des entreprises qui craint que le personnel, échappant au contrôle de la hiérarchie, en profiterait pour ne rien faire.
La productivité du télétravail
Autrement dit, une
grande partie des dirigeants d’entreprise craignent l’impact négatif du
télétravail sur la productivité des salariés. Echappant au regard du chef, ils
se la « couleraient douce ». Notons d’abord que cette vision ne
correspond pas à l’organisation actuelle des entreprises mais fait référence à
des modes d’organisation ayant existé il y a cinquante ou soixante ans. Depuis, on
a assisté à la disparition des petits chefs. Ils sont partis à la retraite il y
a bien longtemps et personne n’a cherché à les remplacer. Aujourd’hui dans la
plupart des entreprises l’organisation est basée sur le travail d’équipe ou en
mode projet reposant sur une certaine polyvalence.
De nombreuses
études ont été réalisés au cours des deux confinements ([3]),
celui de Mars-Mai et celui de Novembre-Décembre, ont permis d’effectuer
plusieurs constatations importantes :
-
La
plupart des entreprises n’avaient pas de plan de secours adaptées. Dans de nombreuses entreprises, rien
n’était prévu. Cependant les grèves de Décembre 2019 à Février 2020 sur les
retraites avaient permis d’être, en quelque sorte, une répétition. Un certain
nombre de cadres et des employés avaient pris l’habitude de travailler à la
maison. En Mars, en quelques jours il a fallu équiper un grand nombre de
personnes, de sécuriser les connexions et de renforcer les réseaux. Malgré une
certaine improvisation il n’y a pas eu de cas de blocage ni d’effondrement des
réseaux. Globalement, les architectures techniques ont résisté.
-
On
craignait une dégradation de la qualité du travail à cause de l’éloignement des bureaux de l’entreprise.
On a constaté que cela ne s’est pas produit. Bien entendu il y a eu des
problèmes ([4]) mais
rien de plus grave que ceux constatés en temps normal. C’est un point très
important car elle montre que le contrôle hiérarchique traditionnel n’est pas
d’une grande efficacité. Cela ne veut pas dire qu’il est inutile mais cela
montre qu’un contrôle à distance est suffisant dans la plupart des métiers.
-
Autre
surprise, il n’y a pas eu de baisse de la productivité. De nombreux dirigeants et managers
avaient craint que les télétravailleurs en profitent pour se promener ou faire
autre chose. Il n’en a rien été. Malgré les conditions difficiles du premier
confinement et notamment la garde des enfants à la maison, la productivité ne
s’est pas effondrée. Lors du 2ème confinement ce problème ne s’est
plus posé. Il est vrai que les confinements se sont traduits dans un grand
nombre d’entreprises par une baisse du volume d’activité notamment lors du 1er
confinement. Mais au 2ème confinement le volume d’activité était
voisin de la moyenne.
-
Mais
le principal gain a concerné les télétravailleurs qui ont gagné une à deux heures de temps
de transports surtout dans les grandes villes. Rappelons-nous que l’idée du
télétravail par Jack Nilles était née en réaction au temps qu’il perdait dans
les embouteillages de Los Angeles. Les confinements, notamment le 1er,
ont fait disparaître, comme par enchantement, les centaines de kilomètres
d’embouteillage le matin et le soir, sans compter les bus, les métros et les
trains bondés aux heures de pointe.
Face à ces faits, on a noté un changement d’attitude d’un certain nombre de responsables d’entreprise. Ce qui leur paraissait hier suspect leur semble aujourd’hui jouable. Un DRH m’a récemment dit : « On a peut-être intérêt à aller plus loin mais en encadrant bien ». C’est un premier pas mais il est probable qu’il faille aller plus loin.
Le télétravail, la QVT, l’ANI et un CCN
Même si certains
découvrent aujourd’hui le télétravail il a, en fait, en France une longue
histoire. Cela 27 ans qu’on tourne autour du sujet :
-
1993
Rapport de Thierry Breton : « Le télétravail en France ». A cette
époque il y avait très peu de télétravailleurs et il encourageait fortement son
développement ([5]).
-
1998
un Guide d’information sur le télétravail est publié par la Direction
Générale de l’Administration qui souhaite développer le télétravail dans le
secteur public.
-
2004
la DATAR crée un « réseau national de télécentres ». L’objectif est
de créer 1.000 centres de télétravail. En réalité ils sont aujourd’hui environ
300 : https://www.coworking-carte.fr/ . Notons qu’ils sont plutôt situés au centre de villes moyennes
et non dans les villes dortoirs à la périphérie des grandes métropoles.
-
2005 Accord national interprofessionnel
relatif au télétravail (ANI). Ce premier texte fixe des règles de base du
travail.
-
2015
Mise à jour de l’ANI de 2005.
-
2020
Après la fin du 1er déconfinement les syndicats de salariés ont
demandé de négocier une Convention Collective Nationale (CCN) sur le
télétravail. Les syndicats d’employeurs s’y sont opposés. Ils ont proposé un
nouvel ANI (Novembre 2020) qui se veut « un outil d’aide au dialogue
social ». C’est « un appui à la négociation » mais il ne
comporte pas de nouveauté significative. Il rappelle le droit à la déconnexion,
à la prise en charge des frais, à la durée de travail et les temps de repos, …
Comme on le voit le
développement du travail est un long cheminement. Il est probable que la
multiplication des accords d’entreprises qui vont être signés dans les mois à
venir vont amener tôt ou tard les syndicats d’employeur à accepter une Convention Collective Nationale et a
mieux encadré le télétravail.
Repenser la manière de travailler
A partir de ce qui
a pu être observé au cours des deux confinements et des périodes intermédiaires
il est possible de dégager quelques tendances :
1.
Nécessité
de revoir les procédures et l’organisation du travail. Celles-ci ont jadis été définies pour
être mises en œuvre dans un cadre présentiel. Le fait que le travail se fait à
distance change un certain nombre de choses. Il est notamment important de
renforcer la coordination entre les différents intervenants, le contrôle
hiérarchique des opérations et le suivi des opérations. Il est pour cela
nécessaire de suivre leur flux, détecter d’éventuels engorgements et améliorer
la fluidité des opérations. Or, souvent
ces outils manquent. Ce sont des logiciels de Workflow. Leur absence se traduit
par des retards voir par des pertes de dossiers. Il est
aussi souhaitable de renforcer la polyvalence des personnes en les formant.
2.
Numériser
de tous les documents afin de référentiels et les rendre accessibles à distance.
Pour que les
télétravailleurs puissent travailler dans de bonnes conditions il faut que tous
les documents nécessaires soient consultables sur un PC indépendamment de
l’endroit où ils se trouvent. Il n’est plus indispensable que le
télétravailleur dispose d’une « bible papier » pour travailler. Il
est par contre souvent souhaitable qu’il dispose d’un deuxième écran :
l’un pour consulter (le détail d’un compte, un historique des factures, des
bons de livraison, la liste des produits, …) et l’autre pour travailler.
3.
Apprendre
à travailler efficacement en visio-conférence. Pour de nombreuses personnes cela a été
une découverte. Ils avaient l’habitude d’utiliser Skype pour effectuer des
échanges familiaux ou amicaux mais ils n’avaient pas imaginé que cela pouvait
être un outil de travail. Or, dans beaucoup d’entreprises, les cadres passent
une grande partie de leur temps en déplacement et en réunion. Leur remplacement
par des visio-conférences permet de gagner du temps et de l’efficacité. Faut-il
encore apprendre à maîtriser cette technologie tout en adoptant les règles de « bon
usage » ([6]) afin
de réduire le nombre et la durée de ces réunions et arriver à prendre plus vite
des décisions.
4.
Piloter
les flux d’opérations et assurer un contrôle qualité. A
partir du moment où toutes les opérations sont dématérialisées il est
nécessaire qu’une personne ait la responsabilité de piloter l’ensemble de
chaque processus de bout en bout pour s’assurer que les opérations se font dans
les délais et les coûts déterminés, sans oublis et sans négligence. C’est le
rôle des logiciels de workflow et de gestion de projet.
5.
Externaliser
les tâches à faible valeur ajoutée ou situées en dehors du cœur de métier de
l’entreprise.
Parmi les tâches que l’entreprise doit exécuter dans le cadre de son activité
régulière certaines contribuent fortement à la création de valeur ajoutée alors
que d’autres sont ont un impact plus limité. La généralisation du télétravail
est l’occasion d’identifier ces tâches et d’étudier si elles sont susceptibles
d’être confiées à des entreprises spécialisées que ce soit en « near
shore » ou en « off shore ». De même tout ce qui n’est pas lié
au cœur de métier doit être confié à des entreprises plus efficaces.
6.
Renforcer
la confiance des collaborateurs dans les orientations de l’entreprise. De nombreuses personnes craignent que la généralisation du télétravail soit la première
étape de la substitution de l’homme par la machine. Il est certain qu’un
certain nombre de métiers professions vont connaître dans les années qui
viennent une automatisation croissante de leurs tâches. Mais ceci est plutôt dû
au développement de l’Intelligence Artificielle plus qu’au télétravail. Il est
donc important de montrer que le développement du télétravail n’est pas lié à
un souci de productivité mais correspond à la volonté d’améliorer les
conditions de travail et de réduire les déplacements.
7. Adapter les locaux de l’entreprise pour faciliter le travail en commun. Un poste de travail requiert environ 10 mètres carrés or un télétravailleur n’a besoin que d’une table pour travailler et d’une armoire pour ranger ses affaires lorsqu’il travaille dans les locaux de l’entreprise ([7]). Les bureaux de l’entreprise vont être adaptés pour devenir un lieu de rencontres et d’échanges. Autre point très important il est nécessaire de s’assurer que chaque personne dispose d‘une place suffisante à son domicile pour travailler et qu’il peut s’isoler ([8]). Si ce n’est pas possible il est nécessaire de trouver un espace de coworking proche de son lieu d’habitation.
Le mythe de la généralisation du télétravail
Cependant il ne
faut pas s’imaginer que tous les bureaux classiques et les sièges sociaux vont
disparaitre. Il est probable qu’une partie des bureaux vont se rapprocher du
domicile des salariés. Leur déplacement du centre des villes vers les villes
dortoirs de la périphérie va s’accélérer. On va donc assister au développement
de bureaux locaux (centres de télétravail, espace de coworking, …). Mais un
certain nombre de personnes qui ont de la place dans leur maison ou leur
appartement préférerons avoir un bureau chez eux.
Cependant toutes
les activités ne vont pas basculer en télétravail demandent la présence
physique des salariés comme la production, le commercial (vente sur
place, locaux de démonstration, …) et bien entendu les membres de la
direction générale.
Un certain nombre
de fonctions de support liées à des activités de production resteront sur place
quoi qu’il arrive comme :
-
La
gestion de la production,
-
Les
méthodes,
-
Le
planning,
-
La
comptabilité analytique (la collecte des données et les contrôles doivent être
faits sur place mais les traitements et la mise en forme des résultats peuvent
être fait à distance),
-
La
gestion physique des stocks,
-
La
logistique : picking, livraison, ….
-
L’entretien
des matériels de production et du parc de véhicules,
-
La
réalisation de maquettes et de prototypes, les tests et les essais,
-
La
gestion des relations avec les salariés et une partie des ressources humaines,
-
….
D’autres fonctions en
dehors de la production sont aussi obligées d’être en présentiel :
-
La
vente dans les magasins ou la présence dans les show-rooms,
-
La
vente chez le client (représentants, négociations, …)
-
La
maintenance informatiques (serveurs, réseau et postes de travail),
-
Le
SAV client en atelier et sur place,
-
…
Par contre de
nombreuses autres activités peuvent en tout ou partie être traités en
télétravail comme :
-
La
comptabilité,
-
Le
contrôle de gestion,
-
Une
partie des ressources humaines (gestion des dossiers, recrutement, formation,
…)
-
La
paie,
-
Les
achats sauf les négociations avec les fournisseurs (encore qu’une partie
croissante des « négos » se font en vidéo-conférence),
-
La
gestion des stocks et les réapprovisionnements,
-
Les
études informatiques (conception, programmation, tests et maintenance),
-
Le
pilotage de l’exploitation informatique et du réseau,
-
L’assistance
aux utilisateurs,
-
Le marketing,
-
La
vente assise,
-
Le
SAV téléphonique,
-
L’administration
des ventes,
-
L’établissement
des devis et des propositions commerciales,
-
La recherche
et développement sauf les labos, la fabrication des maquettes et des prototypes
ainsi que les tests et essais,
-
…
De même il est nécessaire d’assurer l’encadrement des nouveaux embauchés et des jeunes gens qui sortent de l’Université ou de leur école ainsi que les apprentis. En effet, il n’est pas raisonnable de les laisser seuls chez eux. Il est nécessaire qu’ils soient encadrés et suivis pendant un certain temps. Le présentiel sera maintenu tant qu’ils ne pourront pas se débrouiller seul et qu’il ne sera pas nécessaire de valider tout ce qu’ils font. Le tuteur et son poulain seront donc en présentiel le temps qu’il faut. Mais ils peuvent faire du présentiel hors des locaux de l’entreprise par exemple dans un espace de coworking à mi-distance de leurs domiciles respectifs.
Et la transformation numérique dans tout cela
Tous ces
changements sont possible grâce à la numérisation croissante des opérations et
plus généralement à la transformation numérique des entreprises. Celle-ci ne
consiste pas à remplacer le logiciel ABC par celui d’XYZ. C’est en vérité un
ensemble de changements majeurs qui porte sur la stratégie des entreprises et
notamment les relations avec les clients et les prospects, la fourniture de nouvelles
prestations, l’évolution des entreprises vers le mode plateforme, les modifications
importantes de l’organisation interne des entreprises, … En effet le
télétravail change et va changer la manière dont les salariés travaillent. Ceci
va avoir pour conséquence de profondément modifier leur organisation de façon à
améliorer leur fonctionnement et leur capacité à créer de la valeur.
Le recours au
télétravail va avoir de nombreux effets sur leur transformation numérique et en
particulier sur :
-
La recherche des
compétences là où elles se trouvent. On n’est
plus tenu d’embaucher des salariés dans la ville où se trouvent les bureaux de
l’entreprise et à sa périphérie. Cela peut être en France mais aussi dans le
reste du Monde. La distance n’est plus un facteur contraignant. Le bassin
d’emploi s’étend à la terre entière sous réserve des contraintes linguistiques
et des décalages dus aux fuseaux horaires.
-
La possibilité de mobiliser
des ressources en cas de surcharge d’une
unité par des personnes venant d’autres unités de l’entreprise ou à des
sous-traitants. De plus on ne bute pas sur la contrainte des surfaces de bureau
disponibles. Il suffit de s’assurer que les systèmes informatiques sont
compatibles et si ce n’est pas possible, on peut toujours directement connecter
les PC des opérateurs extérieurs aux serveurs de l’entreprise.
-
Enrichir les
services fournis aux clients grâce à des
prestations personnalisées et recourant à des systèmes d’information adaptés.
C’est une mutation majeure pour évoluer vers le mode plateforme. Pour l’instant
l’évolution est lente. Les difficultés rencontrées avec le « clic and
collect » pendant le 2ème confinement montre bien le retard de
beaucoup d’entreprises commerciales en ce domaine. La numérisation n’est plus
une option. C’est devenu une obligation.
Il est certain que
le télétravail va faciliter le processus de transformation numérique des
entreprises. Il est probable que les années qui viennent le télétravail va
vider les tours et désencombrer les autoroutes. Ainsi, plus de 50 ans après, la
vision de Jack Nilles sera alors devenue une réalité.
[1] - Jadis le bureau
du professeur était sur une estrade afin de marquer son autorité et on se
levait quand il entrait dans la classe. C’était le bon vieux temps.
[2] - En 2019 la
population active de la France était de 28,5 millions de personnes.
[3]
- Cadremploi,
Cisco, Xerox, HP Workforce Evolution, Unit4, …
[4]
- La cause
de problème la plus grave était au cours du
1er confinement la garde des enfants à cause de la fermeture des
écoles. Effectivement, il est assez difficile de faire son travail et de
s’occuper de ses enfants en faisant l’école à la maison.
[5] - En 1993 le
nombre de télétravailleurs était alors estimé à 16.000 personnes. Thierry
Breton prévoyait qu’en 2005, soit 12 ans plus tard, il pourrait être compris
entre 300.000 à 500.000.
[6]
- Parmi ces
règles on peut citer : commencer et terminer la réunion à l’heure, limiter
strictement la durée des réunions, fixer un ordre du jour précis, avoir un
intervenant qui distribue la parole, ne pas interrompre à tout moment un
intervenant, une personne prend des notes et rédige un compte-rendu court dès
la fin de la réunion avec une liste des travaux qui restent à faire (« Do
List »), en fin de réunion cette personne rappel les points acquis, ceux
qui reste en suspens et fixe la date et l’heure de la prochaine réunion.
[7]
- Si le
télétravailleur ne dispose pas d’un ordinateur portable il faut prévoir des
postes de travail en accès libre dans les locaux de l’entreprise.
[8]
- Le travail
dans le salon pendant que les enfants qui regardent la télé n’est pas
recommandé. De
même la table de la cuisine n’a pas vocation à devenir un bureau.