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dimanche 31 mars 2024

La sobriété numérique est au cœur de la gouvernance numérique

 D’après la présentation faite par Christine Debray

 Les ressources naturelles que nous utilisons finissent par s’épuiser, notamment celles qui ne sont pas renouvelables comme les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, …) mais aussi les minéraux et les terres rares. De plus leur emploi se traduit par des pollutions considérables notamment par le CO2 mais aussi par des déchets liés à leur extraction. Ce processus a commencé au 18ème siècle avec la révolution industrielle et elle s’est considérablement accélérée depuis les années 50 et notamment ces vingt dernières années. Tous les secteurs sont concernés et en particulier le numérique.

Au cours des soixante dernières années l’informatique s’est considérablement développée et les progrès réalisés ont été très importants. Ils ont permis d‘optimiser la gestion des entreprises, d’accélérer les échanges de biens et de services, de développer les communications, … Le numérique est devenu partie importante de nos vies. C’est aujourd’hui la solution à de très nombreux problèmes qui, jusqu’alors freinaient le développement de nos sociétés. Mais, la partie négative de ce processus ne doit pas être oubliée. On a ainsi constaté l’accroissement de la pression écologique qui est trop souvent sous-évaluée.

Les faits sont têtus

Les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique étaient estimées en 2020 à 3 à 4 % du total des émissions mondiales. En France elles sont un peu inférieures (2,5 %) mais on estime qu’elles vont croitre et être multipliées par 3 à l’horizon 2050.  Quant à la consommation électrique du numérique en France, elle était estimée à 10 % de la consommation française en 2020, mais pourrait augmenter de 80% en 2050.

On pense, bien entendu, aux considérables consommations électriques des centres de traitement. Il y en a 5.000 dans le monde et la moitié appartiennent aux GAFAM. Mais, en réalité, ils ne représentent (en France) que 16 % de l’empreinte carbone associé au numérique. A cela on peut leur associer les consommations des réseaux qui sont de l’ordre de 5 %. C’est, en fait, la plus petite partie des pollutions constatées. Les 79 % restant sont dues aux terminaux : smartphones, PC, tablettes, imprimantes, écrans, … C’est considérable.

Cette pollution n’est pas tant dû à la consommation électrique ni à l’entretien de ces équipements mais à leur fabrication qui représente près de 80 % de leur empreinte carbone. De plus le nombre de ces équipements est considérable. On évalue qu’il y a 34 milliards d’objets en fonctionnement dans le monde soit plus de 4 par habitant de cette planète ou, autrement présenter 15 équipements par ménage.

Or, pour les fabriquer il est nécessaire d’utiliser de nombreux minerais et terres rares. Leur extraction et leur raffinage se traduisent par des pollutions graves et irrémédiables. Ainsi, pour produire un portable pesant 2 kilos il faut extraire 800 kilos de minerais et de matières premières, sans compter l’eau, l’énergie et les produits chimiques nécessaires pour les raffiner. 

Pour limiter cette dérive, il est nécessaire de définir une stratégie. Elle se résume par les 3 R : Réduire la consommation, Réutiliser les équipements et Recycler les matériaux.

Dans le monde, seulement 20% des matériels numériques sont collectés pour, soit être recyclés, soit leur donner une deuxième vie. Il est toujours préférable de prolonger la vie d’un matériel en leur reconditionnant et lui offrant une seconde vie sur un marché de seconde main. En effet, le recyclage des matériels est consommateur en énergie et en autres ressources et très peu de matières peuvent être correctement recyclées. Pour faire naitre un secteur du recyclage et du reconditionnement en France, un appel à projet a été ouvert par l’Etat sur 2023 et 2024.

Une affaire de gouvernance

Dans ces conditions il faut réagir, dans le secteur numérique comme dans tous les autres secteurs. L’Etat a mis en place un Secrétariat Général à la Planification Ecologique en juillet 2022, rattaché aux services du premier ministre pour :

-        Aller plus vite et plus loin en matière d’écologie,

-        Mieux coordonner les actions,

-        Adapter les choix aux réalités locales et individuelles,

-        Envisager la transition écologique comme source de nouvelles opportunités.

En janvier 2023, un plan et une feuille de route ont été établis dont les points clés concernent :

-        Mieux se déplacer,

-        Mieux se loger,

-        Mieux préserver et valoriser nos écosystèmes,

-        Mieux produire,

-        Mieux se nourrir,

-        Mieux consommer.

En décembre 2023 est sortie la feuille de route « numérique et données » pour aider par le numérique à la réalisation de la feuille de route de la transition écologique.

De plus, pour limiter l’empreinte écologique des administrations d’état, une mission interministérielle a été mise en place dans la DSI groupe de l’état : la MINUM-ECO pour coordonner les actions des ministères pour un numérique plus sobre. Un reporting est établi deux fois par an celui-ci et permettra de suivre les progrès réalisés. Chaque Ministère est concerné. A la Culture cela s’est traduit par la définition de 39 actions dont une partie concerne le numérique et en quelques mois 21 ont déjà été mises en place. A terme 60 actions sont prévues.

Les quatre leviers recommandés par l’ADEME pour un numérique sobre sont :

-        La stabilisation du parc des terminaux,

-        L’augmentation de la durée de vie des équipements en veillant de les choisir en fonction de leur réparabilité,

-        La conception des équipements de façon à avoir des matériels plus efficaces et moins consommateurs d’énergie,

-        L’encouragement de la sobriété des usages et en veillant à appliquer les bonnes pratiques de conception et de consommation des services numériques.

Ces leviers concernent l’ensemble des secteurs économiques. Le secteur culturel, pris au sens large, occupe près de 70% de la bande passante d’Internet. Bien entendu, une bonne partie correspond plus à du divertissement qu’à de la culture. Mais cela va évoluer car dans les années à venir car on prévoit que le numérique va être tiré par la culture qui est un remarquable vendeur d’imaginaire. C'est un enjeu considérable car les impacts écologiques du numérique sont importants. Ceci fait que la sobriété numérique est au cœur de la gouvernance numérique. Pour y arriver des changements de posture vont être nécessaire afin de réussir à mettre en œuvre un numérique durable. 

 

Après avoir travaillé pendant 40 ans en informatique, notamment comme DSI, Christine Debray est aujourd’hui chargée de mettre en place la sobriété numérique au sein du ministère de la Culture


Ce texte est un résumé de la conférence faite par Christine Debray au Club de la Gouvernance des Systèmes d’Information le Mercredi 20 Mars 2024 sur le thème : « La sobriété numérique est au cœur de la gouvernance numérique ». Elle a permis de faire le point sur ce sujet et de répondre à quelques questions clés comme :

-        Quelle est la situation du secteur du numérique face à la montée des préoccupations écologique ?

-        Quelles sont les activités du numérique les plus polluantes ?

-        Où se situent les enjeux principaux et les risques majeurs ?

-        Comment améliorer les performances écologiques du numérique ?

-        Que fait l’Etat ? Quelle stratégie écologique met-il en œuvre ?

-        Dans ce contexte quel est le rôle de la culture ? Pour quelles raisons c’est un secteur clé ?

-        De quelle manière le secteur privé peut contribuer à améliorer la performance écologique du numérique ?

-        ….

Lire ci-dessous le support de présentation de l’exposé de Christine Debray :

                                                                                                                      Slide

1 – Introduction                                                                                   3

2 – Les autres impacts écologiques                                                     7

3 – Les impacts du numérique                                                           11

4 – Les gaz à effet de serre du numérique                                         12

5 – L’empreinte carbone des centres de traitement, des réseaux

       et des terminaux                                                                          18

6 – Le poids de la fabrication des terminaux                                     19

7 – Le poids de l’extraction minière                                                  21

8 – L’importance des déchets et leur faible recyclage                      23

9 - La gouvernance à mettre en place                                                27

10 – La planification écologique                                                       30

11 – La gouvernance écologique au Ministère de la Culture           34

12 – Les principaux leviers d’action                                                 35

13 – Le poids du streaming vidéo                                                     37

 

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