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mardi 12 novembre 2024

Regards croisés sur les IA Génératives dans l’Enseignement Supérieur en Gestion : Panorama des pratiques et perspectives des IAG

                               D’après la conférence faite par Bernard Quinio le 6 novembre 2024

On assiste depuis 2 ans à une explosion des usages des systèmes d’Intelligences Artificielles Génératives (IAG). Après le raz de marée de ChatGPT on a observé l’apparition de nombreux autres systèmes concurrents comme Gemini, Claude, LLaMA, Perplexity, … Et puis il y a aussi les IAG créateurs d’images comme Dall-E, Midjourney, … On a aussi constaté qu’un certain nombre d’entreprises utilisent Copilot de Microsoft et GPT-4 d’OpenAI et avec ces systèmes elles ont développé de nombreuses applications. 

L’enseignement supérieur est directement impacté par ces technologies. Elles sont de plus en plus utilisées dans les Universités et les Ecoles. Elles vont avoir un impact profond sur les méthodes pédagogiques et les outils utilisés. On observe une évolution des méthodes de travail des étudiants et des enseignants et ceci va probablement les transformer de manière significative.

Les étudiants ont très vite vu l’intérêt de ces systèmes et les ont immédiatement et massivement utilisés avec enthousiasme. Au contraire les enseignants, de leur côté, ont vite perçu les risques de fraudes et de mauvais usages de ces outils. C’est probablement la fin des cours d’amphi traditionnels et la remise en cause des mémoires de master. On note aussi que la diffusion des IAG se traduisent par des préoccupations éthiques et réglementaires, des débats sur la protection de la vie privée, sur les risques de désinformation, sur la sécurité des données, sur le coût de leur utilisation et sur leurs impacts écologiques.

Cependant leur emploi a aussi des aspects très positifs. Les IAG permettent, par exemple, d’aider les étudiants à mieux comprendre le cours en reprenant les notions mal comprises, à s’entraîner quand ils veulent et où ils veulent en échangeant avec une IAG.

L’enquête sur les usages des IAG : première partie de l’enquête FNEGE

Pour mieux comprendre ce qui se passe la FNEGE a lancé une étude sur l’impact des IAG qu’elle a confié à trois enseignants : Alain Goudey, Philippine Loupiac et Bernard Quinio avec deux objectifs :
1. Dresser un état des lieux des pratiques actuelles liées aux IAG dans l’enseignement supérieur en gestion.
2. Proposer des pistes de réflexion pour une adoption critique, positive, éthique et rigoureuse des IAG par les étudiants et les professeurs.

Bernard Quinio a présenté le 6 novembre 2024 les résultats de cette étude au Club de la Gouvernance des Systèmes d’Information. Il faut noter que les évaluations scientifiques objectives des usages des IAG sont rares. Au-delà du cas particulier de l’enseignement supérieur en gestion on notera que cette démarche permet de se faire une idée sur l’impact réel de ces technologies sur les organisations en place.

Depuis le deuxième volet de l’étude FNEGE est sorti qui détaille les expérimentations des établissement d’enseignement les plus avancés dans l’usage des IAG. De nombreux exemples d’utilisation pédagogiques de ces outils y sont présentés.

L’enquête a été conduite au cours du premier trimestre 2024 et elle a permis de recueillir les avis de 668 étudiants, de 204 professeurs et de 29 directeurs d’école ou d’université du domaine de la gestion : le management, le contrôle de gestion, les systèmes d’information, le marketing, la communication, les ressources humaines, …

En matière d’adoption des IAG les réponses font apparaître des différences significatives de comportement entre les étudiants et les enseignants :
Les étudiants utilisent massivement des IAG : 
o 45 % des étudiants utilisent les IAG régulièrement ou très fréquemment, 
o 50 % les ont utilisées pour au moins d’un quart pour faire leurs travaux. 
o 12 % les ont utilisées pour plus de trois-quarts de leurs travaux.
o Seulement 7 % des étudiants ne les utilisent jamais.
Les enseignants sont nettement plus prudents : 
o 44 % des professeurs n’utilisent jamais ou très rarement les IAG, 
o Seuls 6 % des professeurs les utilisent très fréquemment.
Ces différences de comportement sont très significatives du processus d’adoption d’une nouvelle technologie.

Le système d’IAG le plus souvent utilisé est ChatGPT et notamment la version gratuite. Il est cité par 89 % des professeurs et 94 % des étudiants.

Les autres systèmes sont nettement moins souvent cités. Or ce sont des systèmes nettement plus performants que la version gratuite de ChatGPT. Ce sont notamment : Claude 3 Opus, Mistral Large, Ultra 1.0 Google Gemini ou ChatGPT 4o. Les versions payantes de ChatGPT ne sont utilisées que par 27 % des professeurs et 19 % des étudiants. Les outils de production d’images sont moins couramment utilisés : Dall-E est utilisé par 25 % des étudiants et des professeurs et Midjourney est cité par 20 % des personnes. Les autres systèmes d’IAG, telles que Quillbot, Perplexity, Claude d’Anthropic ou Stable Diffusion sont utilisés par moins de 10 % des utilisateurs.

Pour apprécier l’impact des IAG il est nécessaire d’identifier leurs utilisations. Les étudiants les utilisent surtout pour collecter rapidement des données et les analyser, mais aussi ils s’en servent pour les aider au développement d’idées créatives, et pour mieux comprendre les cours et pour rechercher des textes utiles. 

Les enseignants les utilisent pour développer des contenus pédagogiques, traduire et adapter des contenus, créer des exercices et rechercher des données et de les analyser. Comme on le voit les usages entre les étudiants et les enseignants sont différents.

La réflexion sur les usages des IAG : La deuxième partie de l’enquête FNEGE

A la suite de l’enquête la FNEGE a lancé une deuxième étude plus qualitative. Elle se base sur des entretiens en profondeur fait avec 20 enseignants-chercheurs et 2 ingénieurs pédagogiques « early adopters » des IAG. Les auteurs de l’étude, Cécile Godé et Régis Meissonier mettent en avant deux résultats principaux :

1. La plus-value que l’enseignant conserve sur la machine et sur laquelle il doit capitaliser pour faire évoluer son enseignement repose sur ses qualités didactiques et relationnelles ainsi que sur ses qualités de chercheur. C’est par cette dimension humaniste qu’il peut guider les étudiants vers la rigueur et l’esprit critique requis par l’usage des IAG.

2. Il est impératif de conduire des réflexions au sein “d’écosystèmes privés-publics autour de l’IAG ». Dans cette approche collaborative, l’impératif est de former les enseignants-chercheurs comme les étudiants au regard d’une nouvelle relation pédagogique médiatisée par ces technologies. 

Le rapport préconise aussi le développement d’IAG spécifiquement adaptées à l’enseignement supérieur, de type RAG (Retrieval Augmented Generation).

Cette deuxième partie de l’étude FNEGE, propose de nombreux encarts présentant des démarches pédagogiques originales et validées sur le terrain d’usage des IAG dans l’enseignement en gestion.

Conclusion

Pour en savoir plus sur les constats effectués par les auteurs de l’étude FNEGE nous vous conseillons de lire les deux parties de l’étude accessibles gratuitement ici :
1. Partie 1 de l’étude FNEGE : https://fnege.org/publications/regards-croises-sur-les-ia-generatives-dans-lenseignement-superieur-en-gestion-panorama-des-pratiques-et-perspectives/

 La conférence de Bernard Quinio au Club de la Gouvernance des Systèmes d’Information le Mercredi 6 Novembre 2024 a permis de faire le point sur ce sujet et de répondre à quelques questions clés comme :

- Quels est l’usage des IAG par les étudiants et les enseignants ? Et quels sont les IAG                     utilisés ?
- Comment les systèmes à base d'Intelligence Artificielle Générative (IAG) modifient les                 compétences des étudiants et des enseignants ?
- Quelles sont les démarches des uns et des autres ? Quels sont les points de convergences et            de divergences ?
- Quelle est l’importance des besoins de formation à l’emploi de ces outils ?
- Quels sont les risques de fraude et surtout de remise en cause du système d’enseignement             actuel ?
- Quels sont les obstacles à la généralisation de ces outils ? Et quels sont les risques ?
- A quelle vitesse se feront les évolutions liées à la diffusion de ces outils ? 
- Quelles mesures doit-on prendre pour améliorer l’usage des IAG ?
- ….

Comme le montre les deux rapports de la FNEGE, cette enquête est riche d’enseignements. Pour en profiter, nous vous conseillons fortement de télécharger ces deux rapports et de les lire.

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