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mercredi 2 novembre 2011

Les systèmes d’informations orientés clients

Il est certain que les caractéristiques des systèmes d’information évoluent sous l’influence de la technologie. Le Web et notamment la structuration des pages permises grâce au langage HTML a permis de réaliser des applications très différentes de celles qui étaient jadis possibles à l’aide d’interfaces type CICS-3270. Yves Caseau dans son message ci-dessous : « Un changement de nature du SI ? » met l’accent sur le poids croissant des clients dans la structuration des systèmes d’information. Pour l’apprécier il suffit de constater l’évolution des interfaces proposées par des sites Web comme par exemple ceux de Google. Il est possible grâce à un certain nombre de paramètres et ainsi de changer la présentation des pages Web et de les personnaliser en fonction des attentes et des habitudes des utilisateurs. Mais est-ce que ce sont pour autant des Systèmes d’Information orientés Web 2.0 ?

Tout dépend ce qu’on appelle le Web 2.0. Il est certain qu’il existe de nombreuses acceptations possibles de ce terme. La définition la plus ancienne est celle donnée par Tim O’Reilly et John Battelle, promoteurs de cette approche. Ils caractérisent les applications Web 2.0 par la conjonction des cinq points suivants :
·       « le Web comme plate-forme ;
·       les données comme « connaissances implicites » ;
·       les effets de réseau entraînés par une « architecture de participation », l'innovation comme l’assemblage de systèmes et de sites distribués et indépendants ;
·       des modèles d’entreprise poids plume grâce à la syndication de contenus et de services ;
·       la fin du cycle d’adoption des logiciels (« la version bêta perpétuelle ») ».

J’ai vu des définitions plus claires. Il est vrai qu’elle date du début du Web 2.0 en 2004-2005. Depuis il y a eu de nombreuses innovations notamment l’invention et le développement Facebook. A cette époque Marck Zuckerberg était encore un étudiant boutonneux.

Il serait surement nécessaire définir de manière plus concrète la notion de Web 2.0. Est-ce que c’est l’emploi de la syndication à l’aide des protocoles RSS et Atom ? Est-ce le développement d’applications riches avec AJAX ? Est-ce l’emploi de services Web XML ou de protocoles comme REST (REpresentational State Transfer) ? Ces définitions ramènent la notion de Web 2.0 à l’emploi de différentes techniques mais cette notion est nettement plus large et touche aux fonctions du système. Comme le décrit très bien Yves Caseau dans « Processus et Entreprise 2.0 » : « Si l’entreprise doit devenir « 2.0 » pour s’adapter à des clients 2.0, cela s’applique forcément au système d’information. La partie du système d’information qui gère les interactions avec le client (que l’on désigne par le front office) doit devenir 2.0. »

Cette approche est très intéressante. Mais en analysant un certain nombre de sites de commerce électronique ou de services fournis aux clients on s’aperçoit très vite qu’ils en sont encore très loin. Certains ont une amabilité de porte de prison. Mais quand on évalue les systèmes d’information actuels fonctionnant dans les entreprises on s’aperçoit qu’on est très loin de cette nouvelle philosophie. Un système comptable, une application de paie ou un traitement de gestion des commandes restent des systèmes lourds et rigides. Même avec une interface type Web ces applications sont loin du « look » de Facebook ou de Google.

En attendant de réécrire les applications existantes il est possible de faire du Web 2.0 grâce à l’emploi de Blog, de Wiki et la messagerie instantanée. Mais connaissez-vous beaucoup d’entreprises utilisant ces outils ? Pour prendre un exemple simple : combien de services informatiques utilisent des outils pour établir des cahiers des charges ou des documentations d’application ? Ces outils sont probablement plus utilisés dans les services de R&D mais ils sont des tests que des outils massivement utilisés. Il serait d’ailleurs intéressant d’effectuer un recensement des applications de ce type pour en faire la promotion dans le cadre de ce blog.

Ce sont par exemple :
·       la recherche d’une information dans les différentes bases de données de l’entreprise y compris les données sous forme de textes, de mails, de bases de données,…
·       la saisie d’opinions ou d’évaluations des clients ou des utilisateurs internes,
·       l’appel interne à des compétences,
·       la mise au point d’un document par plusieurs auteurs,
·      

Ces fonctions sont intéressantes car elles élargissent les possibilités des systèmes d’information mais elles ne changent pas leur nature. La dimension interactive et la possibilité de paramétrages de ces nouveaux systèmes sont des acquis très importants mais cela ne joue, pour l’instant, que sur un nombre limité de systèmes d’information.

Il est probable qu’un nombre croissant de systèmes d’information s’inspirent des réseaux sociaux et des systèmes interactifs à forte implication des clients ou des utilisateurs. Mais cela risque de prendre du temps car le nombre de développeurs capables d’effectuer ce type de réalisations est limité.

1 commentaire:

Marc-André Chassefeire a dit…

De mon point de vue, le SI 2.0 ne se définit pas par ses outils mais par les services qu’il doit rendre car dans la plupart des cas, plusieurs outils permettent de rendre un service donné.
Les services majeurs attendus sont portés par l’idée de donner le pouvoir aux clients (les utilisateurs internes et externes) pour qu’ils puissent façonner leur usage du SI pour optimiser leur activité :
• Créer son réseau relationnel sans avoir à demander à un administrateur de gérer les droits
• S’abonner aux systèmes documentaires utiles pour être informé des évènements au fil de l’eau
• Publier les résultats de ses travaux en maitrisant le cercle des destinataires ( du texte, des images, des vidéos)
• Personnaliser son tableau de bord personnel pour voir du premier coup d’œil sa liste d’activités en cours (et les reprendre dans le contexte où elles ont été suspendues), les nouvelles demandes, les nouvelles informations sur la base des sélections effectuées
• Personnaliser son cocktail de services applicatifs pour lancer le plus directement possible les transactions nécessaires
• …
Ces évolutions majeures vont avoir un impact certain sur la gouvernance des SI car il faut continuer à garantir la sécurité du SI, ses performances, sa disponibilité,... alors que le contexte d’utilisation devient très versatile.
Déjà que la gouvernance des SI dans le contexte classique nécessite encore beaucoup de travail, nous voilà avec du pain sur la planche pour de nombreuses années...