La Complexité, ce n’est pas seulement
ce que mesurent les tableaux de bord pour une « bonne gouvernance »,
mais c’est aussi ce qui leur échappe.
Les
contributeurs d’un blog ont souvent pour objectif de servir la communauté des
lecteurs et de faire une action utile en exposant leur point de vue. Mais les
opinions éparpillées et les petits ragots autour de la machine à café, lors des
pauses des séminaires sur la gouvernance de l’information ou les schémas
directeurs, en disent plus long sur les réalités, les ‘vraies’. Parmi ces ragots, la question de la « complexité » revient
souvent sur le tapis.
En
effet, à l’ère de la globalisation, de la mondialisation, de la dérégulation,
la grande transformation des systèmes d’information (S), des organisations et
du management consiste à passer des « châteaux
forts aux cloisons mobiles » (Isabelle Orgogozo , Les paradoxes du management). Lorsque les
pouvoirs traditionnels et les pouvoirs émergents s’affrontent, la complexité se
trouve à l’intersection de ces pouvoirs «
contraires » qui peuvent devenir complémentaires. Par exemple, entre un SI souverain et les SI
des réseaux sociaux, il y a une « rencontre
des contraires » qui se nomme « complexité »
(Edgar Morin, La Méthode). C’est ce qui fait que le management des Hommes, des
organisations et des SI est devenu si complexe. Les grandes organisations bureaucratiques mécanistes
préfèrent laminer les contraires en
imposant les Règles de « bonne gouvernance ». Le résultat n’est pas facilement gérable.
C’est même devenu « ingérable ». Il suffit de se tourner vers Henry Mintzberg et
ses écrits à ce sujet pour s’en convaincre.
Lorsqu’il
s’agit de définir le futur et gérer la transformation des SI et de
l’organisation, la DSI en quête de justification de ses positions, de ses préconisations, de ses propositions de
solutions et de ses projets se mobilise pour les faire légitimer au sein de
l’organigramme. Le schéma directeur des S.I. est le document qui
agrège ces éléments. Je suis bien placé pour affirmer que depuis 30 ans, tout
(ou presque) a été dit en matière de conduite des schémas directeurs des S.I. La complexité se situe ailleurs… Certes, on peut encore plus renforcer et
propager les « bonnes
pratiques » en alignant et
en normant les processus, les
qualifications et les résultats sur les
référentiels de certification. Mais
force est de constater que plus on standardise et on normalise, plus on
centralise et par conséquent plus on développe la techno-structure, ce qui a
pour conséquence de « fabriquer » des collaborateurs
obéissants et soumis au « chef », à la « règle », à
l’ordre. Alors qu’en est-il de la personnalisation du service au client, de l
‘autonomie des acteurs mobiles, et … de l’innovation
? Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas de règles. Simplement, une
organisation en réseau, si elle veut se transformer pour continuer à exister, doit
devenir apprenante.
Il ne faut pas alors s’étonner
que entreprises leaders hier, ont des difficultés aujourd’hui et seront en
déclin demain. Dès qu’il s’agit
d’innovation collaborative et d’intelligence collective, les référentiels
trouvent donc leurs limites. En effet,
l’innovation a ses règles que les bonnes pratiques mimétiques ne sauraient
connaître. En particulier, en ce qui concerne le repositionnement des
fonctions S.I. et les nouveaux modèles d’organisation ainsi que l’évolution des
métiers, le marché propose des recettes. Or les entreprises
n’ont pas d’abord besoin de recettes mais de questionnement
en vue d’une « transformation numérique»
réussie. Mais pour se poser les bonnes
questions, face aux vrais besoins et
priorités, il faut un peu de recul et … du temps.
Or tout est dans l’accélération. Comme
je le disais dans l’un de mes précédents articles sur ce sujet : « il
faut savoir changer le rétroviseur de sa voiture pendant qu’elle roule sur un terrain
chaotique, et ne pas manquer les virages »
(www.cogouvernance.com – « Articles 2014 »).
Alors comment les acteurs, tous « co-responsables »,
vont-ils gérer cette complexité et
quelle sera leur première bonne question en matière de cogouvernance ® de l’information pour l’entreprise numérique ?
Gérard Balantzian
gerard.balantzian@gmail.com
Paris, le 20 juin 2014
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