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dimanche 26 juin 2011

Qu'est-ce qu'un système d'information ?

Lors de notre réunion du 7 Juin 2011, nous avons évoqué la question "primale" de la définition du système d'information. Une des conclusions des réunions précédentes est que nous avons besoin de définir un glossaire, pour parler de la même chose lorsque nous parlons de gouvernance. Claude a remarqué que les définitions courantes du "système d'information" laissaient à désirer, car elles restent très proches du système informatique, lorsqu'il ne s'agit pas simplement d'une confusion.

Trouver une bonne définition n'est pas si simple. Je ne vais donc pas me lancer aujourd'hui avec une définition, mais proposer trois approches qui se complètent:

  • L'approche "top-down", qui définit le SI comme une fonction de l'entreprise, dans la tradition de Jean-Louis Lemoigne. Le SI est l'ensemble de ce qui fournit à l'entreprise la capacité à traiter ses informations (définition fonctionnelle). Si l'on part d'une définition de l'entreprise construite sur ses processus (cf l'excellente présentation générale du CEISAR), cette approche du SI fonctionne pas mal.
  • L'approche "bottom-up", qui défini le SI de façon descriptive, autour du système informatique tel que définit par Wikipedia. A l'ensemble des ressources matérielles, logicielles et organisationnelle, il faut adjoindre les hommes (les rôles, les procédures, la culture) et les processus propres du SI. En toute franchise, c'est l'approche que j'ai retenue dans mes deux livres, "Urbanisation, SOA et BPM" et "Performance du Système d'Information". Ce n'est pas la meilleure approche, car cela tient de "la liste à la Prévert" (c'est le défaut d'une approche "bottom-up"/descriptive). La définition des parties prenantes du SI est, en revanche, fort utile lorsqu'on parle de gouvernance du SI. C'est également l'approche que j'utilise avec mes étudiants.
  • L'approche systémique, qui considère le SI comme un "système complexe à part entière", c'est-à-dire définit par une finalité et des relations avec son environnement. La métaphore que j'utilise est celle de l'usine à produire des services. L'usine se décrit ensuite avec un ensemble de processus ... c'est une approche très appropriée pour la modélisation, en particulier la modélisation économique (cf. mon 2e livre). Bien entendu, il faut tout de suite approfondir en expliquant ce qu'est un service consommé par l'entreprise dans le cadre de l'exécution de ses propres processus.
J'ai fait quelques slides sur ce thème il y a deux ans, mais elles ne sont pas lisibles sans commentaires ... J'avais commencé un travail un peu systématique (sans jeux de mots) pour produire une définition acceptable pour mon cours à Polytechnique, mais je n'ai pas abouti pour l'instant à un état stable ou satisfaisant. J'ai fait une présentation plus convaincante en 2010, lors d'une présentation conjointe avec Philippe Desfray et Dominique Vauquier, mais il faudrait que je sorte les quelques éléments pertinents. Il va de soi que, puisque nous avons en France des vrais experts (je pense précisément à Dominique Vauquier ou Daniel Krob), ce sujet mérite un approfondissement bibliographique.

Je vais néanmoins ne pas me dérober à la question que pose Claude et essayer de produire "une motion de synthèse" (à suivre ....)

2 commentaires:

Claude Salzman a dit…

Yves

Je pense que ton approche est très intéressante mais je trouve que ces 3 approches ont le défaut de décrire un système d’information comme un dispositif pour produire, stocker et mettre à disposition de l’information. C'est il me semble une vision un peu limitée de notre objet de réflexion. Cette approche date des années 80 en Europe et mêmes des années 60 aux USA (Baumol si ma mémoire est bonne). On était à l’époque très impressionné par les capacités des ordinateurs. Les plus puissant avaient une puissance de 0,1 MIPS. Aujourd'hui un modeste PC a une puissance de 5 à 10 MIPS et un mainframe plusieurs milliers de MIPS.
Il faut donc mettre à jour notre vision du système d'information. Les SI ne sont plus des distributeurs d'information.
Je pense que les systèmes d'information sont des processus permettant de mieux maîtriser la complexité et offrir des opportunités d'activité. Il faut une définition plus proche du business que les définitions traditionnelles.

Yves Caseau a dit…

Bonjour Claude,
ce reproche me semble pertinent pour l'approche bottom-up, qui ajouter les dimensions humaines & procédurales autour d'un coeur "technique", comme les couches d'un oignon. On peut, en effet, argumenter que ces dimensions doivent être au coeur du SI.
C'est plus subtil pour l'approche systèmique: la sortie n'est pas des information, mais des services,ce qui capture des multiples formes d'ajout de valeur : processus, procédures, réflexes,... La dimension que tu cites: le SI créateur de valeur par opportunité métier, y est implicite - elle existe, elle est facile à représenter dans les méta-process de gouvernance de l'usine, mais ce n'est pas direct.
Dans la vision top-down, on fait ce qu'on veut ! Il n'est écrit nulle part qu'il s'agit de stockage ou de production. Les fonctions de valorisation d'opportunité, d'adaptation, de capitalisation, etc. sont dans le périmètre fonctionnel du SI. La présentation originale du CEISAR a perdu de son élégance au cours des années car elle s'est enrichie (classique), mais je vais essayer de la reformuler dans un prochain message.
Pour conclure, je suis d'accord avec ta mise en garde, mais elle s'applique très différement aux 3 approches, c'est donc un bon critère de choix :)